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Bande dessinéeet Fantastique  

Daisuke et le Géant (tome 1) - Le trente et unième jour
de Alessandro Bilotta , Alberto Pagliaro et Lorenzo Pancini
Delcourt - Terres de légendes 2006 /  12.90 €- 84.5  ffr. / 48 pages
ISBN : 2-7560-0356-5
FORMAT : 23x33 cm

Godzilla like

C’est un peu l’histoire de Godzilla, le monstre créé par la bombe atomique pour punir l’humanité de son hybris technologique et de son matérialisme… avant de se mettre à défendre le Japon contre ses agresseurs (robots, mite géante… : avis aux amateurs). Avec Daisuke et le Géant, les fans de monstres délirants et d’univers bizarres vont se régaler. Qu’on en juge. L’histoire se déroule au Japon - terre de contrastes - mais un Japon étrange, hors du temps, aux allures steampunk. La magie traditionnelle a toujours cours, de même que la vapeur : mélange étonnant qui voit les dieux intervenir dans un monde déboussolé, en figeant le jour et la nuit, pour cause de blasphème impérial. Ce Japon aux allures très XIXe siècle est menacé par un révolutionnaire mystérieux au faciès masqué surnommé le commandant Saru. Et dans la lutte qui oppose ce dernier à l’empereur, la balance se met à pencher quand Saru parvient à invoquer un démon géant capable de pulvériser Tokyo. Face à lui, seul un enfant, le fils d’une victime de Saru, Daisuke, semble capable de résister et de réconcilier les dieux et les hommes, la magie et la technologie. Mais à quel prix ?

Un monde bizarre et déroutant, un héros complexe, des thèmes efficaces (l’écologie, la technologie, la révolution…) : Daisuke et le Géant est une série originale en ce qu’elle brasse de nombreux thèmes SF et fantastique classiques pour en faire quelque chose de neuf. Le scénario concocté par Alessandro Bilotta témoigne d’une réelle fantaisie mise au service d’un univers étonnant. Voilà une série qui fait beaucoup de promesses, ouvre de nombreuses portes (on finirait par s’y perdre sans une lecture attentive) et dont on peut attendre beaucoup : au scénariste de tenir la distance. Il en va de même pour le graphisme, signé Alberto Pagliaro : ce dernier semble nourri de diverses influences depuis le manga avec Miyazaki (dont on retrouve ici les thèmes préférés) jusqu’à un genre plus sombre, plus gothique, qui ne répugne pas à la violence et à la vue du sang (mais Pagliaro n’est manifestement pas à l’aise et sa représentation des blessés hésite encore entre réalisme et relativisme). L’ambiance est à l’aune de ce mélange, déroutante et incontestablement séduisante. Elle est également servie par le travail remarquable du coloriste Lorenzo Pancini, qui a su effectivement figer le jour et la nuit de manière très poétique, alternant les planches sombres et lumineuses, jouant du vert pour figurer la monstruosité et des tons orangés pour illustrer la complexité ; son travail contribue grandement à donner à cet album sa tournure particulière. L’ensemble est beau à voir et plaira aux amateurs de manga déjanté (mais soigné) et de fantastique à la japonaise.

Gilles Ferragu
( Mis en ligne le 25/09/2006 )
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