Bande dessinée
Fantastique de Jean Dufaux et Lucien Rollin
Glénat - Grafica 2000 / 10.99 €- 71.98 ffr. / 48 pages
ISBN : 2-7234-3144-4
FORMAT : 24 X 32
A la recherche du sablier qui tue…
Au départ, il y a un être mystérieux qui cherche à reconstituer jusqu'au moindre objet la cargaison transportée en 1883 par le navire le Solitaire. Chacun de ces objets, justement, fait l'objet d'un opus du cycle. Cet album est le deuxième consacré à la restitution d'un sablier aux étranges effets sur le temps et qui contiendrait les cendres d'un démon antique, Ozbek.
Dans la première partie du Sablier, Léon Thomas, le "héros", découvre chez un antiquaire ce sablier qui, une fois renversé, semble condamner celui qui l'a manié à mourir une fois l'écoulement terminé. Après avoir perdu de cette façon son meilleur ami et son amante, Léon devient le gardien du dangereux objet. Mais ce dernier est convoité par une secte, les esclaves d'Ozbek, composée de vieillards désespérés qui sacrifient leurs restes de puissance et d'argent à cette quête devant leur rendre leur jeunesse perdue.
A la fin de l'album arrive Laurence, qui seule a le pouvoir de suspendre les effets mortels du sablier. Pour l'antiquaire, il s'agit de l'élue tant attendue. Au début de la seconde partie, qui constitue le second album, Léon rejoint l'antiquaire et l'élue en Bretagne où résident les descendants du dernier propriétaire du sablier. Les esclaves d'Ozbek sont encore à leurs trousses tandis que l'ombre manipulatrice du fameux être mystérieux plane toujours au-dessus de tous les protagonistes. L'histoire est riche en rebondissements et à aucun moment le mystère ne s'éclaircit, laissant le lecteur dans le flou d'une agréable incertitude. Le scénario tient à la fois du roman picaresque et du pacte avec les forces obscures.
Toute la valeur ce cet album est contenue dans l'atmosphère pesante de mystère, de forces incontrôlables en action et de fatum. Cette ambiance tient aussi à l'épaisseur des personnages. L'être mystérieux n'est qu'une ombre au visage caché derrière un masque de cuivre et au corps dissimulé par une robe d'un autre temps. De lui, on n'aperçoit que les mains velues aux doigts griffus. Mais, aussi manipulatrice soit-elle, cette ombre est condamnée à n'intervenir qu'à travers les autres et à poursuivre sa quête, éternellement. Ensuite, vient Léon Thomas, ce personnage que l'on tient pour héros mais qui n'est que victime d'une aventure qui le dépasse.
Après avoir perdu son meilleur ami et son amante (qui se trouve être la femme de son meilleur ami), il se sent tenu de suivre ce sablier qui lui a détruit la vie, sans véritablement savoir où le mènera ce "choix" qui n'en est pas un. Le vieil antiquaire poursuit aussi ses obsessions, comme les vieillards désespérés d'Ozbek. Quant à l'élue, on ignore tout de ses motivations ou de ses devoirs. Et après tout, ils ne sont tous que des jouets entre les mains d'un destin implacable. L'ambiance dégagée doit beaucoup au dessin: un style réaliste et très détaillé qui nous donne des personnages très crédibles et des décors superbes. L'atmosphère d'indicible tristesse est renforcée par les couleurs, quelque peu passées.
Au total, il s'agit d'un très bon album, d'un excellent cycle qui fait délicieusement froid dans le dos et qui laisse le lecteur heureux de ne pas faire partie de l'aventure.
Loïc Simon
( Mis en ligne le 26/02/2001 )
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