Bande dessinée
Fantastique de Thomas Mosdi et Civiello
Delcourt - Terres de légendes 2000 / 12.06 €- 78.99 ffr. / 48 pages
ISBN : 2-84055-411-9
FORMAT : 24 X 32
Ame, ouvre-toi !
La nuit de Samain... C’est la nuit où s’ouvrent les passages entre le réel et le rêve (ou le cauchemar…), entre les hommes et les dieux (ou les créatures diaboliques…), entre deux mondes que tout oppose et qui ne peuvent communiquer qu’une fois l’an. Sous la pluie légendaire de l’Irlande, Luaine et sa famille sont attaquées par des cluricaunes, créatures maléfiques à mi-chemin entre trolls et mini loups garous. Alors que son père est tué, et que sa mère et son grand-père sont enlevés pour être conduit dans le deuxième monde, Luaine est sauvée in extremis par deux Korrigans. Dès lors, naïve, rêveuse, mais aussi déterminée et courageuse, Luaine pénètre à leur suite dans ce monde où tout est possible. Et puisque tout est possible, elle entreprend de secourir sa mère, avec l’aide du clan des Korrigans : dès lors, débute un long périple pour la tirer des pattes de ces cluricaunes. Pendant ce temps, le grand-père a été conduit au grand Seigneur Balor, énorme monstre capable de pénétrer l’âme de ses proies.
Voilà pour l’histoire : rien de très original dans cette nouvelle interprétation des mythes et légendes celtiques dont les auteurs sont bercés. La forte attraction qu’exerce l’album sur le lecteur est décidément à chercher ailleurs, dans le formidable graphisme qu’offre Civiello. Certaines planches sont de véritables tableaux, dont les couleurs évoquent les peintures de Carmelo de la Pinta, peintre fantastique qui habite Pont-Aven. Sombres, ternes, elles nous font basculer dans un monde fantastique auquel nous pouvons croire pendant quelques longues minutes. Le lecteur connaît certainement le barde moderne Pierre Dubois et sa fascination pour les lutins, les trolls et autres créatures celtiques. Ici, il retrouvera un monde très proche, auquel lumière et éclairage semblent avoir donné vie. Il retrouvera l’atmosphère si particulière, et rarement égalée, du Dark Crystal de Jim Henson et Franck Oz, irréelle, envoûtante.
Korrigans, conte traditionnel dont tous les ingrédients sont parfaitement maîtrisés, fait écho à nos attirances d’enfant pour une lueur qui existe seulement dans notre imaginaire. A se demander si Civiello n’a pas, comme son Seigneur Balor, accès à l’âme de ses lecteurs pour en retirer la part onirique. La sienne, sans doute, lui suffit bien assez, pour le bonheur de ses admirateurs.
Thomas Bronnec
( Mis en ligne le 09/01/2001 )
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