Bande dessinée
Fantastique de Pierre Wazem et Frederik Peeters
Les Humanoïdes associés 2007 / 10 €- 65.5 ffr. / 48 pages
ISBN : 978-2-7316-1944-7
FORMAT : 22,5x29,5 cm
L’hôtel et ses fantômes
On avait laissé Addidas et son père dans un étrange hôtel déserté de ses occupants et dans lequel on croisait seulement une réceptionniste protéiforme et deux enfants effrayés par une étrange menace rôdant alentour. La suite de l’aventure reste aussi bizarre et fantastique, mettant Addidas face à de nouveaux dangers dont elle ne soupçonne encore pas l’étendue (et nous non plus). Mais depuis maintenant quatre albums, la fillette a pris de l’assurance et elle est cette fois prête à affronter la cause de ses maux et le virus qui galope d’un enfant à l’autre. Dans cet hôtel à la Shining, les repères s’effacent et les certitudes avec. Le père d’Addidas va en faire la drôle d’expérience lorsque à son tour il va subitement changer d’apparence et découvrir en lieu et place de la réceptionniste une présence aussi inattendue que bouleversante. Enfin, de l’autre côté de la ville, les fouilles du Grand Trou touchent à leur fin et le contact avec les créatures souterraines est enfin établi. C’est l’occasion pour le monstre compagnon d’Addidas retenu prisonnier d’échapper à ses bourreaux et aux horribles supplices qu’on a commencés à lui infliger.
On sent la fin du cycle approcher et les événements s’accélèrent quelque peu dans ce qui devrait être l’avant-dernier épisode de la série. Quelques explications pointent, tandis que d’autres révélations éclatent. Après une grande évasion remarquée d’un univers (la ville et ses grandes cheminées) vers un autre (l’hôtel et ses fantômes), Wazem et Peeters ont relancé la série sans toutefois avoir lâché les rennes d’une intrigue qu’on imagine doucement polie en cours de route. Le résultat est une série toujours divertissante et qui refuse de suivre un chemin narratif trop morne en multipliant les registres et en prenant même le risque de perdre quelques lecteurs (notamment la jeunesse à qui la série ne semble définitivement plus être spécialement destinée…)
Avec ce cinquième épisode mouvementé et plein de rebondissements, Koma trouve un bel équilibre entre humour, poésie et fantastique. La narration découpée permet de suivre en parallèle différentes intrigues qui se dirigent vers un dénouement qu’on imagine encore surprenant. On retiendra enfin ces perpétuelles transformations qui affectent les pensionnaires de l’hôtel : chaque vignette devient le lieu d’une nouvelle personnification, le blanc entre les cases éludant le processus lui-même, rendant l’ensemble aussi impressionnant que loufoque. Koma est à l’image de ces multiples transmutations : on ne sait jamais trop sur quoi l’on va tomber l’instant d’après.
Une série réjouissante qui depuis le début tient ses promesses et en relance d’autres. À suivre pour encore un tour donc…
Alexis Laballery
( Mis en ligne le 04/09/2007 )
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