L'actualité du livre
Bande dessinéeet Fantastique  

S.O.S Bonheur - Edition intégrale
de Jean Van Hamme et Griffo
Dupuis - Aire Libre 2001 /  24.89 €- 163.03  ffr. / 176 pages

"Liberté chérie"

Une compagnie dont les employés ignorent tout de l’objet social. Une médecine nationalisée qui subordonne les soins à l’affiliation à une mutuelle dictatoriale. Des vacances planifiées par l’Etat, qui ne laissent le choix ni de la date, ni de la destination. Un fichage complet de tous les citoyens, symbolisé par une carte à puces regroupant toutes les données relatives à chacun. Un contrôle strict des naissances. Des artistes subventionnés dont les créations doivent se conformer à un cahier des charges édicté par la puissance publique. Six courtes histoires mettent en scène la confrontation entre un système politique totalitaire et des destinées individuelles rebelles au bonheur imposé. Ces six histoires peuvent se lire en toute indépendance, mais sont reliées entre elles par un long épisode placé à leur suite, dans lequel tous les martyrs rejetés par le système tentent une révolution et lancent un S.O.S. à la liberté.

Quelque treize ans après leur première édition, Dupuis ressort en intégrale les trois volumes de S.O.S. Bonheur. L’ensemble y gagne évidemment en cohérence. Si S.O.S Bonheur a un peu vieilli, c’est davantage sur la forme. Les couleurs peu soignées, peu nuancées, trop ternes ou trop flashy, l’absence de lumière, situent bel et bien l’album dans les années quatre-vingt. La couverture, réalisée par Griffo spécialement pour la présente édition, redonne d’ailleurs au graphisme un aspect plus contemporain.

Sur le fond, en revanche, pas de risque d’obsolescence. Le futur inquiétant dépeint par Van Hamme nous renvoie sans conteste aux anticipations de George Orwell ou d’Aldous Huxley. Et si l’URSS disparue avec son empire n’incarne plus le pays du Grand Mensonge, capable de décréter le bonheur en dépit d’une réalité contraire, l’histoire de S.O.S. Bonheur garde évidemment toute son actualité. Parce que les dictatures n’ont pas disparu et ne sont pas toujours là où on les attend. Et parce qu’elle éclaire une permanente philosophie de l’homme, ayant toujours besoin d’un contre-modèle pour avancer. A travers une certaine résignation à l’ordre des choses, les deux auteurs essaient de nous prouver que, même apparemment acquise, la liberté reste toujours à conquérir, dès lors que les hommes vivent dans une communauté qui oblige à des compromis.


Thomas Bronnec
( Mis en ligne le 28/06/2001 )
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