L'actualité du livre
Bande dessinéeet Science-fiction  

Felicidad (tome 1) - Le fluide
de Thomas Mosdi et Vincent Froissard
Delcourt - Terres de légendes 2004 /  12.50 €- 81.88  ffr. / 48 pages
ISBN : 2840557983
FORMAT : 24 x 32 cm

Gare au fluide !

La fin du monde et de l’humanité peut arriver de diverses manières : bombe atomique, épidémie zombifiante, invasion extraterrestre… On aura quasiment tout vu, mais la solution imaginée par Thomas Mosdi, scénariste inspiré, passé du jeu de rôles (Légendes, pour les connaisseurs) à la BD (L’île des morts, Serpenters…), est assez innovante : un mystérieux fluide se répand sur la planète où il transforme tout, et particulièrement l’humanité, en créatures sauvages et agressives dans une nature elle-même peu accueillante. Felicidad, c’est l’histoire narrée par un robot, Isaac, d’un groupe de rescapés, qui va s’amenuisant, le long d’un périple en bateau en forme de pèlerinage jusqu’à la ville de Puerta de la Felicidad, hypothétique havre ou terminus pour tous. Parmi ces survivants, une jeune fille, Jodie, semble pouvoir entrer en contact avec une entité intelligente, protectrice et liée au fluide.

Ce premier album d’une trilogie semble très prometteur : l’ambiance est excessivement sombre, faisant penser à Alien (les coursives du bateau, où le danger rôde), au Jour des morts-vivants («seul contre tous !»), ainsi qu’à Voyage au bout de l’enfer (la jungle étouffante et menaçante). Mais si ces références viennent à l’esprit, c’est surtout à cause du travail exceptionnel de Vincent Froissard qui, assurant le dessin et la mise en couleur, donne vie à un univers étouffant, oppressant et artistiquement réussi, à la fois cinématographique et onirique. Les jeux de lumière et d’ombre, le flou – verdâtre – savamment entretenu (David Hamilton au service de l’angoisse) et des créatures aux contours indistincts (l’imagination fait le reste bien plus efficacement) transforment cette portion de fleuve amazonien en un avant-goût de l’enfer. Les bestioles les plus inoffensives (des papillons) comme les plus improbables (un métamorphe aux allures d’insecte géant) sont autant de matérialisations de cauchemars. Dans son originalité, le graphisme fait penser à Mignola et à son Hellboy. Bref, c’est une révélation, et il faut souhaiter à cette série et à ses auteurs une reconnaissance et une réussite équivalente.

Gilles Ferragu
( Mis en ligne le 17/04/2004 )
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