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Bande dessinéeet Science-fiction  

Je suis légion (tome 1) - Le faune dansant
de Fabien Nury et John Cassaday
Les Humanoïdes associés 2004 /  12.60 €- 82.53  ffr. / 56 pages
ISBN : 2731663022
FORMAT : 24 x 33 cm

Dracula 1942

1942, les historiens l’ont assez répété, c’est le tournant de la Seconde Guerre mondiale. Jusque-là, les forces de l’Axe volaient de victoire en victoire. Désormais, elles vont perdre. Sur les raisons de ce basculement, on a déjà beaucoup écrit. Mais nul n’avait songé, que ce soit dans le domaine de l’histoire ou dans celui de la fiction, à l’hypothèse émise dans ce premier album de la nouvelle série Je suis légion.

Sur cette hypothèse, on restera volontairement discret. Disons que l’action se passe pour moitié dans la Londres de Winston Churchill et de Joseph Conrad, pour moitié dans la Roumanie de la résistance à Hitler et de Dracula. Tel personnage qui cite Bram Stoker, tel autre qui lit Au cœur des ténèbres : le décor est planté. Entre survol fantastique des légendes vampires et effroyable plongée dans la noirceur de l’âme humaine, Je suis légion décrit la Seconde Guerre mondiale des lendemains de la conférence de Wannsee telle que certains la vécurent : comme un cauchemar.

Le scénario est admirablement construit. Trois personnages principaux (un policier londonien : Stanley Pilgrim ; un résistant roumain : Karel Ricek ; un espion allemand : Hermann von Kleist) servent de pivots à une histoire dont les ficelles sont tirées par un dignitaire nazi (Rudolph Heyzig) et un des chefs du contre-espionnage anglais (Peter Wilkes, dont on sait dès le début de l’album qu’il n’est pas celui qu’il prétend être) — sans compter une dizaine de personnages secondaires qui s’agitent autour. La psychologie de chacun d’entre eux est pour l’instant suffisamment fouillée, mais le principal pari de la suite de Je suis légion est bien là : Nury parviendra-t-il à dominer cette scène nombreuse, sans laisser s’égarer quelques-uns des personnages qu’il nous a ici présentés ? En tout cas, dans ce premier album, tout va bien ; et le lecteur est saisi.

D’autant plus saisi que le dessin est fascinant. Le travail sur la photographie, qui permet de donner du relief aux paysages comme aux visages, le jeu sur les flous des seconds plans, la variété des cadrages s’inspirent des techniques cinématographiques, sans jamais les singer. C’est bien une bande dessinée que nous avons entre les mains, et une excellente… Vivement la suite !

Sylvain Venayre
( Mis en ligne le 28/06/2004 )
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