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Bande dessinéeet Science-fiction  

Redhand (tome 1) - Le prix de l'oubli
de Kurt Busiek et Mario Alberti
Les Humanoïdes associés 2004 /  12.60 €- 82.53  ffr. / 48 pages
ISBN : 2 7316 6362 6
FORMAT : 24 x 32 cm

Les dieux vont dérouiller !

C’est une rencontre inattendue comme on en espère souvent et que l’on obtient parfois en bande dessinée, celle d’un dessinateur, Alberti, indéniablement talentueux et immédiatement remarqué après un premier album fort réussi (Morgana, chez le même éditeur), et d’un scénariste, Busiek, déjà réputé dans son domaine (les comics) et qui s’aventure là avec bonheur sur un territoire neuf. Avec de tels prémices, la suite ne peut être que réussie : que l’on se rassure, elle l’est, chacun ayant tenu sa partie. Qu’on en juge…

La Terre, dans un futur indéterminé : après une catastrophe nucléaire déclenchée par un mystérieux commando pour des raisons mal définies, la société technologique que nous connaissons a fait place à une société primitive, violente, de chasseurs et de guerriers, où la magie s’est substituée à la science. Mais dans ce monde régi par des prêtres et autres shamans, une prophétie annonce l’avènement d’un individu sans passé, dont le destin est d’affronter les dieux eux-mêmes. Et cet homme, recueilli par une tribu sédentaire, c’est Redhand : guerrier ultime, tacticien impitoyable, parfois plus une machine qu’un être humain. Accueilli par la tribu, il goûte un instant la paix et la tranquillité, semble même s’humaniser (par l’art : tout un symbole) mais le shaman, hostile, va déchaîner des forces puissantes contre ce nouveau venu aux airs de déicide… le conflit se prépare.

Sur ce scénario ambitieux (mais qui reste à développer), et dont on peut légitimement attendre beaucoup, Alberti a mis en scène un monde heroic fantasy avec une légère nuance de technologie, camouflée sous l’apparence de la magie : constatons d’emblée que les possibilités d’interaction sont nombreuses entre les deux genres, et que la découverte de cette nouvelle Terre, encombrée des vestiges d’une technologie désormais oubliée, s’impose. Très inspiré de la série du Monde d’Arkadi de Caza, le graphisme témoigne encore une fois de l’impressionnante maîtrise technique d’Alberti, ici mise au service d’un mythe classique, celui du guerrier ultime taillé pour affronter des dieux. Les combats, à la chorégraphie quasi taïwanaise (sabre et kung-fu à gogo, voie du guerrier en 10 leçons) sont servis par un sens aigu de la couleur (elle aussi due à Alberti) : en particulier, les contrastes entre le gris des chairs et le rouge sanglant éclatent à chaque page. Bref, il s’agit là d’un très bel album, dont il faut espérer qu’il connaîtra rapidement une suite, à la hauteur des attentes et des curiosités des lecteurs.

Gilles Ferragu
( Mis en ligne le 26/08/2004 )
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