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Bande dessinéeet Science-fiction  

Les zombies qui ont mangé le monde (tome 2) - Les esclaves de l'amour
de Jerry Frissen et Guy Davis
Les Humanoïdes associés 2005 /  10 €- 65.5  ffr. / 48 pages
ISBN : 2731616369
FORMAT : 23 x 30 cm

Zombie lover

On savait, depuis un premier album très réussi de la série Les zombies qui ont mangé le monde, qu’en 2064, les morts étaient finalement sortis de leur tombe et revenus à la vie pour des raisons obscures (pollution, surpopulation infernale, nostalgie des vivants ou envie de leur casser les pieds ?...). Puis ils s’étaient tranquillement réinstallés parmi les vivants, revenant en famille. On finit peut-être par s’habituer mais, évidemment, les retrouvailles sont parfois difficiles : heureusement, il y a des gens pour cela qui s’occuperont à votre place de l’ancien un peu récalcitrant. Bref, l’humanité, sous la vaillante apparence de trois pieds nickelés (Karl, Maggie et Freddy Meckx), lutte pour préserver son avenir et son confort. Dehors les morts ! L’humour définitivement noir du premier album vous a conquis, et vous ne craignez toujours pas les histoires de décomposition un peu avancée ? Rassurez-vous, le deuxième tome est pire que le précédent, et explore désormais une dimension supplémentaire, celle des sentiments. Romantiques s’abstenir !

En quelques sketchs, Frissen et Davis croquent un futur déprimant, entre pollution et zombies : les voitures volent et les morts marchent, mais à part cela, rien ne semble vraiment avoir changé, que ce soit dans les campagnes profondes (où les red necks, fidèles à leur image traditionnels, sont chauvins et racistes, pourchassant les zombies au nom de la « race » des vivants) comme dans les villes surpeuplées (où les morts servent de défouloir à la population et luttent pour leurs droits... en vain). Une consolation : dans ce monde affreux, un sentiment pur rapproche le gros Freddy Meckx, géant belge sympathique, irascible et exagérément violent avec la gente décomposée, et la belle Maggie, amoureuse d’un chanteur de variété suicidaire. Car l’amour est au coeur de ce nouvel album, amour sous toutes ses formes : entre humains, entre zombies, voire entre humains et zombies… mais voilà, il faut savoir braver les convenances pour tomber amoureux d’un mort-vivant ! Heureusement, nos héros sont là pour arranger les choses et préserver les apparences, à grands coups de bourre-pifs. Après tout, la mort ne change plus grand-chose à l’existence !

Frissen et Davis sont deux affreux jojos qui ne respectent ni les pauvres zombies, ni les sentiments les plus purs (l’amour filial, conjugal, le patriotisme…), livrant dans ce nouvel opus leur vision d’une société contrainte de vivre avec ses « chers » disparus, version déjantée de la trilogie des films de Georges Romero. Le politiquement correct a peut-être disparu dans le futur ? En tout cas, il est souvent absent des scénarios de Frissen, cyniques à souhait. Quant au graphisme de Davis, il est parfaitement dans le ton de ce monde un peu décadent, un peu décati, aux tons verdâtres, et qui part en lambeaux. On retrouve dans ce deuxième tome l’ambiance si originale du premier. Bref, la suite est à la hauteur des prémices : un univers ultra parodique des films de zombies, mélange improbable de culture gore et humoristique : décapant.

Gilles Ferragu
( Mis en ligne le 19/03/2005 )
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