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Bande dessinéeet Policier - Thriller  

Le Tueur (tome 7) - Le commun des mortels
de Matz et Luc Jacamon
Casterman 2009 /  10.40 €- 68.12  ffr. / 56 pages
ISBN : 9782203014381
FORMAT : 22,6x30,3 cm

Cuba si, Yankee no !

Depuis quelque temps, l’univers de la bande dessinée s’est peuplé d’assassins, tueurs, exécuteurs divers, venus d’un peu partout et animés par le goût du lucre, une idéologie ou la vengeance. On a croisé quelques belles séries (au choix : entre Naja, Code McCallum ou encore 9 Tigres…) mais au firmament, il y a quand même un grand ancien, Le Tueur, de Matz (Shandy, Cyclopes) et Jacamon, deuxième saison. Dans ce nouvel album, le tueur est à Cuba : l’occasion d’une escale dans une île et un pays à l’histoire controversée, selon l’endroit où on la considère. Du reste, l’album commence par un long plaidoyer pour le régime castriste, sur le thème : c’est peut-être une dictature, mais voyez ce que font les grandes démocraties… Un discours à charge, plutôt inattendu mais efficace. Qui témoigne en tous les cas du ton de la série : un thriller adulte, où la politique a sa place. Et surtout, pour le héros, accompagné de son inénarrable duègne, Mariano, c’est un pas de plus dans un nid de serpent : engagé pour exécuter un jeune apparatchik qui fait de l’ombre à la CIA, le tueur se retrouve face à un dilemme. Faut-il exécuter le contrat, au risque d’indisposer Cuba et le Venezuela (où il vit) ou bien désobéir à ses commanditaires (ce qui ne fait pas sérieux, et risque de les fâcher)… Etre ou ne pas être un assassin professionnel sans conscience ? Une fois de plus, le tueur joue une partie qui le dépasse un tantinet. Un seul objectif : survivre.

Retrouver Matz, Jacamon, et leur personnage fétiche est toujours un plaisir (rare, hélas) : le graphisme et la qualité de l’intrigue, le soin conféré au décor et à l’ambiance (essentielle pour les polars), la mise en scène au cordeau, qui joue de la torpeur tropicale pour dissimuler la violence et la tension, l’attention apportée aux milles petites nuances du personnage, à ses états d’âme, au bouillonnement intérieur masqué par une carapace lisse… Le Tueur et Dexter, même combat : même regard clinique sur l’humanité et la mort, même fascination pour les sauriens, encore plus inhumains que d’autres prédateurs… L’ambiance cubaine et l’intrigue politico-internationale sont une nouveauté bienvenue : après les cartels de la drogue, la CIA ! Un excellent cru.

Gilles Ferragu
( Mis en ligne le 22/09/2009 )
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