Bande dessinée
Policier - Thriller de David Chauvel et Denys
Delcourt - Conquistador 2013 / 14.95 €- 97.92 ffr. / 72 pages
ISBN : 978-2-7560-2786-9
FORMAT : 23x32 cm
Prison break
Carl Douglas dit Fatman, 120 kg au bas mot, le crâne rasé, les docks, le jean feu de plancher, les tatouages "oï"... un skinhead à l'ancienne, comme échappé des années 80. Et avec ça, un maître de l'évasion, que les prisons ne peuvent retenir. L'alliance improbable du flegme britannique et d'une masse de muscles enrobée dans un gros bout de gras. Bref, un type improbable et certainement pas à la hauteur de sa réputation : c'est en tout cas ce que se disent les deux truands dépêchés par la mafia new yorkaise pour le recruter. But de l'opération : évader le parrain, emprisonné et bientôt confronté à un procès menaçant pour "la famille". Mais Fatman n'est pas commode, n'aime pas que l'on bouscule ses protégés (en l'occurrence, une gentille vieille dame) et surtout qu'on dise du mal de son Angleterre natale. Bref, Fatman est un peu énervé, d'autant qu'il a bien conscience que ses clients le prennent pour un pigeon, que les policiers de la ville ne vont pas le laisser tranquille, et que l'Amérique n'est au final pas un endroit pour lui. Oui mais Fatman a un contrat, et ça, c'est sacré, quels que soient les risques, les manipulations et les traîtrises.
Un héros étrange, pas forcément sympathique, mais qui est bien le seul gars honnête de l'histoire... alors on fait avec. Car Douglas n'est pas un anti héros, c'est un personnage qu'il faut apprendre à connaître, avec son petit caractère et un code d'honneur en béton armé. Et si la Mafia essaie de s'y frotter, elle risque plus que des piqûres. Bref, l'intrigue de David Chauvel joue des contrastes pour entraîner le lecteur dans un arnaque grand style, entre professionnels du crime et maître de l'évasion. Et jusqu'au bout, on se demande où sont les gentils, et si Fatman est véritablement dingue ou juste cohérent avec ses valeurs. Et pour ne rien arranger, le graphisme très efficace de Denys s'est parfaitement coulé dans le scénario de Chauvel : avec son air de Bouddha skinhead, impassible et gentiment planqué derrière ses lunettes, Fatman décourage l'empathie, mais face à des truands mal embouchés... Un thriller grand style, une intrigue bien menée avec un graphisme efficace, resserré sur l'essentiel... Le lecteur, comme tout le monde, finit par se fixer sur Fatman en oubliant de regarder les coulisses, les alentours. De l'art de l'évasion réussie, mais comment ?
Gilles Ferragu
( Mis en ligne le 10/02/2013 )
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