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Bande dessinéeet Policier - Thriller  

La Grande Évasion – Tunnel 57
de Olivier Jouvray et Nicolas Brachet
Delcourt - Conquistador 2014 /  14.30 €- 93.67  ffr. / 56 pages
ISBN : 978-2-7560-3134-7
FORMAT : 24x32 cm

Goodbye Ulbricht ?

Une nation coupée en deux, une ville devenue un symbole de cette coupure : Berlin, en 1964, est au cœur de la guerre froide, et en incarne toutes les contradictions, qui voient les Allemands divisés en deux peuples, une division qui s’étend aux familles elles-mêmes, et dont la seule légitimité est idéologique. A l’ouest, il y a Tobias, un jeune allemand que l’hypocrisie du système communiste désespère… car à l’Est, sa sœur Hanna est demeurée avec ses parents fervents communistes en attente de lendemains qui chantent. Le jour de Noël 1964, la coupe est pleine et Tobias, assisté de son ami Mathias, décide de faire évader sa sœur. La solution : creuser un tunnel avec une équipe d’amis, tous également motivés pour exfiltrer des proches. Le lieu : une boulangerie désaffectée. Les travaux commencent, dans l’angoisse, avec les accidents, les tensions qu’une telle entreprise impose. Il s’agit non seulement de creuser un tunnel sous « le mur » (une longue zone en fait) jusqu’à une sortie discrète, et de le faire dans une discrétion et un secret absolu, puis d’aller chercher les candidats à la fuite – qui n’en savent encore rien – et de les rapatrier sans incidents : une prouesse technique autant qu’un vrai danger, mais aussi une belle histoire.

Et d’autant plus qu’il s’agit d’une histoire vraie : au scénario, Olivier Jouvray s’est inspiré d’un fait réel auquel il a, sobrement, donné une tournure romanesque (une histoire d’amour, une tension au sein d’une famille). Pas de démesure hollywoodienne dans cet album qui s’inspire bien plus de l’ambiance de La vie des autres que d’un thriller d’espionnage. Les intrigues s’organisent autour de ce tunnel et de son percement, héros central de l’album. Cette sobriété, bienvenue, est également le parti pris graphique adopté par Nicolas Brachet, qui s’en tient à un réalisme doux, où l’attention porte bien plus sur les postures comme sur les décors (Est/ouest), et sur les aspects techniques de l’entreprise. Des couleurs parfois ternes donnent à l’ensemble une atmosphère sépia, un côté années soixante bienvenu. Bref, Ce nouvel album de la série La Grande Evasion, dans un ton un peu décalé, plus vériste et moins « action » que les tomes précédents, est joliment réussi, et, au-delà d’une simple intrigue, renvoie aux drames de la grande Histoire. Une variation réussie et un duo qu’on espère retrouver pour un autre album.

Gilles Ferragu
( Mis en ligne le 01/02/2014 )
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