L'actualité du livre
Bande dessinéeet Policier - Thriller  

Metropolis (tome 1)
de Serge Lehman et Stéphane De Caneva
Delcourt - Machination 2014 /  15.95 €- 104.47  ffr. / 96 pages
ISBN : 978-2-756-04024-0
FORMAT : 30x22 cm

Fritz Land ?

Metropolis, en cette année 1935, est le symbole de la paix en Europe, et notamment de la paix franco-allemande : fondée par Aristide Briand et Gustav Streseman, la ville – une métaphore de notre communauté européenne – a sauvé la paix sur le continent et préservé cette « belle époque » que, dans un autre monde, Proust regrette. Mais cette ville recèle pourtant des histoires, et des secrets, comme cet inspecteur Gabriel Faune, découvert tout bébé dans le chantier de la ville et adopté par la municipalité… une belle histoire… Plus inquiétant, ces cadavres découverts, après un attentat, sous la « place de la réconciliation », lieu emblématique de la ville. Et pour l’inspecteur Faune, en charge de l’enquête, une impression plus diffuse que la ville évolue, comme si deux réalités se heurtaient. Et si, dans un monde alternatif, Metropolis n’existait pas ? Et si la guerre avait vraiment eu lieu ? Pour éclairer ces mystères, Faune va devoir faire équipe avec un policier de légende, ayant basculé dans une sorte de folie, Lohmann, l’homme qui arrêta M le maudit…

Les charmes de l’uchronie ! Un monde étrange, à la fois proche et distinct, où l’on croise quelques sommités (Einstein en recteur d’université, le docteur Destouches – qui pourrait devenir écrivain sous le nom de Céline – en légiste désabusé, Churchill, etc.) et quelques personnages de fiction, tel ce personnage de Fritz Lang. Et se mouvant là de dans comme un poisson dans l’eau, Gabriel Faune, le héros, qui semble avoir développé une empathie surnaturelle avec la ville. Car le héros de cette série, c’est cette ville à l’architecture très caractéristique. Au scénario, Serge Lehman construit, doucement dans ce premier tome d’une série de quatre, une intrigue qui mêle grande et petite histoire, réalité et alternative, cinéma et passé : le lecteur, charmé par ces références multiples, s’approprie d’autant plus facilement cette histoire qu’elle nous renvoie à notre culture et notre imaginaire. Un imaginaire ciselé par le dessin de Stéphane de Caneva, lequel est effectivement allé chercher, du côté de Fritz Lang et des classiques hollywoodiens, ses idées de mise en scène, de cadrage, d’architecture. L’hommage est efficace, et donne au décor cette tonalité qui ne peut que séduire l’amateur de thriller qu’un soupçon de fantastique exciterait. Une belle variation sur le thème de l’uchronie, idéale pour cette année 2014 de commémoration de la Grande Guerre.

Clément Lemoine
( Mis en ligne le 19/03/2014 )
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