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Bande dessinéeet Policier - Thriller  

Le Poulpe (vol. 12) - Palet dégueulasse
de Michel Dolbec et Leif Tande
6 Pieds sous Terre - Céphalopode 2004 /  11 €- 72.05  ffr. / 96 pages
ISBN : 2-910431-40-1
FORMAT : 17 x 24 cm

Hockey K.O.

Revoilà Gabriel Lecouvreur, alias le Poulpe, un des héros les plus célèbres de la littérature populaire de ces dernières années. Rappelons le principe : les aventures du Poulpe sont écrites par des auteurs différents, attirés par la série et les caractéristiques principales du héros, à commencer par sa volonté de se mêler de ce qui ne le regarde pas : c’est après tout la définition de l’intellectuel, selon Sartre ; mais le Poulpe n’est pas vraiment un intellectuel. Pourquoi le «Poulpe» ? Parce que pour l’attendrir, il faut taper dessus. Le Poulpe prend des coups.

Le scénario du douzième volume est de Michel Dolbec, qui a signé avec Palet dégueulasse son premier roman ; le dessin est de Leif Tande. L’histoire se passe au Canada français, dans le milieu du hockey professionnel. Tout part d’un fait divers : un gros homme qui n’a jamais fait de mal à personne se fait descendre par un tueur professionnel. On ne comprend pas pourquoi, le Poulpe pas plus que les autres, mais il s’en mêle quand même. Son enquête le conduit dans des bars à bière et des boîtes topless, chez les jeunes antinazis de Montréal, à Québec et dans la petite ville de Shawnigan. C’est l’occasion d’une petite visite du Canada français, qui frôle la caricature : «Nous autres, on défend not’ français. C’est pas comme vous autres, avec vos parkings, votre footing, vos challenges et vos pin’s. Chez McDonald vous disez McNugget au lieu de McCroquettes et Royal Cheese à place de Quart de Livre Fromage. Vous êtes tellement américanisés… Heureusement on est là. Ciao !»

Le Poulpe de Dolbec et Tande n’est pas très sympathique. Il ne se déride vraiment que lorsqu’il peut faire le coup de main contre d’improbables nazis américains venus porter la bonne parole au Canada. Le reste du temps, il en veut à la Terre entière et se conduit finalement comme le plus vulgaire des James Bond, emballant toutes les jolies filles qu’il croise et causant la mort de l’une d’elles, ainsi que de sa mère, sans en concevoir de remords durable. La dénonciation des méfaits du capitalisme et le goût pour les milieux alternatifs remplacent ici simplement la critique du communisme et l’attirance pour les services secrets du temps de Ian Fleming.

Les dessins de Leif tande sont assez originaux, tout en grisé sur fonds noir. Avec son trait volontairement naïf, Tande réussit bien les visages (avec une prédilection pour les nez en forme de fraise, mais il est vrai qu’on boit beaucoup dans cette histoire). Au vu des quelques paysages de Québec, on regrette qu’il n’en ait pas proposé davantage. En revanche, ses petites voitures cubiques stylisées rendent assez inefficaces les scènes de cascades automobiles… certes rares. C’est une autre différence entre ce Poulpe et James Bond.

Sylvain Venayre
( Mis en ligne le 17/04/2004 )
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