L'actualité du livre
Bande dessinéeet Aventure  

Un Jour Sans
de Rémy Benjamin et Pero
Ankama éditions 2010 /  13.90 €- 91.05  ffr. / 80 pages
ISBN : 978-2-35910-037-2
FORMAT : 19,5x28 cm

La poisse

« Écoute, garde-le pour toi, mais cette croisade m’emmerde profondément ! ». C’est vrai que depuis le début de son aventure pour aller rallier les infidèles à la seule et unique religion, le seigneur Roland n’a pas eu l’occasion de prendre beaucoup de bon temps. Voilà pourquoi celui-ci s’emporte quelque peu et s’épanche auprès de son compagnon de route. Comme si le mauvais sort s’acharnait contre lui. Il est d’abord la cible de tous les oiseaux qui veulent se soulager. Pour un seigneur de guerre, ça la fiche mal. Par la suite, Roland perdra son cheval, sera blessé, subira les remontrances de ses propres soldats… Il est vrai que dès le début, l’aventure commençait mal et déjà, à son départ du château, l’humeur n’était pas au beau fixe, sa gente dame refusant ses avances et repoussant ses ardeurs. A sa décharge, celle-ci venait de manquer de se faire violer dans la forêt voisine.

Pour Roland ça n’est plus possible, il y a sûrement quelqu’un ou quelque chose derrière cette poisse qui lui colle à la peau. Mais quoi ? Une malédiction divine ? Pour un croisé, ça n’est vraiment pas de chance, et il y a de quoi mettre à mal sa motivation.

La fin de l’album – très originale et étonnante - éclaircira le mystère qui plane sur Roland et le mauvais sort qui l’accable. Voilà une bande dessinée vraiment agréable à lire, nous faisant découvrir de jeunes auteurs prometteurs. Certes, le récit repose entièrement sur un dénouement final inattendu, mais l’ensemble du livre se découvre avec beaucoup de plaisir. Les courtes scènes se suivent, passant du gag scato à une violence plus déchaînée en un tour de page. C’est toute une époque obscure et brutale où les valeurs se prennent le pied dans le tapis, et où la religion cherche déjà à devenir l’opium des peuples. C’est un Moyen Âge à la fois absurde et cruel, entre Kaamelot et Chrétien de Troyes, un monde aux couleurs terreuses et aux décors faméliques. Sans être foncièrement originale, la critique de la religion est ici joliment marquée par ces deux personnages de cléricaux qui suivent de loin les croisés.

Avec des dialogues plutôt drôles, un rythme enlevé qui maintient l’intérêt et un dessin qui ne traque pas l’esbroufe, Un Jour Sans est une petite découverte bienvenue et parfaitement maîtrisée.

Alexis Laballery
( Mis en ligne le 24/04/2010 )
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