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William Panama (tome 2) - L'instant du crocodile
de Cédric Rassat et Guillaume Martinez
Glénat - La Loge noire 2004 /  12 €- 78.6  ffr. / 48 pages
ISBN : 2-7234-4365-5
FORMAT : 24 x 32 cm

L'instant suspendu

Pourquoi «L’instant du crocodile» ? Parce que «c’est par sa stratégie de chasse que le crocodile se distingue des autres prédateurs… Comme il est très lourd, il ne peut mener d’attaque trop longue, il y perdrait trop d’énergie… De même, il ne peut pas se permettre d’échouer, car il resterait trop longtemps sans manger… Donc, toute la réussite de sa chasse repose sur la recherche du moment opportun, de l’instant parfait au cours duquel sa victime sera idéalement fragilisée. Or on a remarqué que les crocodiles parvenaient à développer des stratégies d’une rare finesse pour «provoquer» cet instant. Pour un être humain, cette quête de l’instant ultime a quelque chose de mystique car il s’agit autant de tuer pour manger, et donc survivre, que de ruser pour soumettre l’ordre des choses à sa volonté de chasseur

Ainsi parle, dans le deuxième tome de William Panama, l’étrange Douglas Rinkel, dont on sait fort peu, mais que tout nous pousse à considérer comme un avatar d’Hannibal Lecter. Encore qu’il soit difficile d’en juger, tant il se passe peu de choses dans ces quarante-huit pages. Le détective privé William Panama, qui a réussi dans le premier tome à récupérer le mystérieux livre recherché par son employeur, Hermann Grimmler (et l’énigmatique éminence grise de celui-ci), perd ici son livre ; il est pourchassé par le FBI et d’étranges personnages ; et c’est à peu près tout.

Un scénario étique, donc, et assumé comme tel. Visiblement, Rassat et Martinez louchent du côté du cinéma de David Lynch, mais les nombreuses planches sans texte qui émaillent l’album, quelle que soit l’originalité des cadrages (tout y passe : plongée, contre-plongée, gros plan, flash-back, scènes de rêves…), ne parviennent pas vraiment à réaliser, dans le domaine de la bande dessinée, ce que Lynch (et sa musique, évidemment absente ici) fait au cinéma.

Du coup, l’ensemble lasse un peu, malgré quelques pages superbes (l’arrivée de William Panama en Floride, par exemple, où la Floride est remarquablement résumée en six cases : palmiers, body-building, vieillards, plages, immeubles…). William Panama est prévu en trois tomes : nul doute que la série soit faite pour être lue d’un seul trait – ce qui ira vite, tant il y a peu de dialogues. On attendra donc pour se prononcer définitivement ; et voir si cette série vaudra les grands titres de la collection Loge noire, tels La Maison Winchester ou Le Triangle secret.

Sylvain Venayre
( Mis en ligne le 27/04/2004 )
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