L'actualité du livre
Bande dessinéeet Aventure  

Le Scorpion (tome 4) - Le démon au Vatican
de Enrico Marini et Stephen Desberg
Dargaud 2004 /  9.45 €- 61.9  ffr. / 48 pages
ISBN : 2871295700
FORMAT : 22,5x29,7cm

Un justicier dans la Rome des papes

Il est grand, beau, fort et ténébreux, c’est le cousin, version bande dessinée, d’Errol Flynn ou de Douglas Fairbanks, ses aventures sont emplies de bruit, de fureur, de capes et d’épées. Lui, c’est le Scorpion, dernier né de l’imagination débordante de Desberg (au scénario) et Marini (au dessin). Nos deux auteurs ne sont pas d’ailleurs les premiers venus : d’IRS (Desberg) au Gipsy ou à la série Rapaces (Marini), ils font souffler dans la BD un souffle d’aventure sur le modèle du cinéma des années cinquante. Hollywood version papier en quelque sorte.

Le Scorpion n’est pas un héros comme les autres : brutal, jouisseur, esthète, il est aussi l’un des plus fins connaisseurs de l’antiquité chrétienne et de ses saints, dénicheur de reliques au nez et à la barbe des soldats du pape. Autant dire qu’il y a là de quoi alimenter une série conçue par les auteurs comme un roman feuilleton de capes et d’épées, sans souci particulier d’une quelconque véracité historique, où chaque album (et quasiment chaque page) offre son lot de rebondissements et d’action. Le moins que l’on puisse dire est que l’on ne s’ennuie pas, avec le Scorpion : les méchants y sont vraiment odieux, les combats très chorégraphiques, et les «Scorpion’s girls» parfaitement désirables. Marini, dont le graphisme à la fois exigeant et fougueux, s’adapte parfaitement à ce genre d’histoire, a un sens aigu de la mise en scène et du cadrage, très cinématographique. C’est du grand spectacle dans une Rome du XVIIe siècle de fantaisie.

L’histoire se déroule sur déjà trois beaux albums et ne saurait être prise en cours de route. Du fait de sa naissance obscure et sulfureuse (on a déjà appris qu’il était le fils du pape assassiné dans le tome 3) ainsi que de ses activités à la fois religieuses et lucratives (le trafic de reliques), le Scorpion est menacé par une mystérieuse association (les neuf familles) qui semble se partager le pouvoir en Europe depuis les temps les plus anciens. Parmi ceux-ci, il se heurte particulièrement aux Trebaldi, la famille installée à Rome, et qui, avec sa propre milice, convoite le pouvoir de l’Eglise. Et lorsque ces derniers, dans une mise en scène habile, font croire qu’ils ont retrouvé la croix de Pierre sous leur palais – signe d’une divine élection – le seul recours pour les opposants, nombreux, paraît être ce bandit érudit. Partagé entre la soif de vengeance et celle de justice, le Scorpion part donc à Istanbul sur la piste de la vraie croix, mais il a dans son sillage quelques inconnues, la belle Méjai, gitane empoisonneuse, et Ansea Latal, aussi belle que fatale. En perspective : coups bas et trahisons diverses…

Au final, la série fonctionne avec la même efficacité que dans les albums précédents, même si l’on apprécierait parfois quelques cases de répit, histoire de savourer les grands espaces traversés dans ce nouvel opus (en cela, Marini ne se laisse pas assez souvent aller à dessiner de grands paysages). Petit à petit, le Scorpion s’affine, se précise, nous découvre son enfance et l’intérieur de son âme… il abandonne cette allure de héros implacable, mécanique et sans grand relief qui pouvait gêner son «appropriation» par le lecteur. L’aventure continue donc !

Gilles Ferragu
( Mis en ligne le 12/05/2004 )
Droits de reproduction et de diffusion réservés © Parutions 2024



www.parutions.com

(fermer cette fenêtre)