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Bande dessinéeet Les grands classiques  

Johan et Pirlouit, L’Intégrale (tome 3) - Brigands et malandrins
de Peyo
Dupuis 2009 /  18  €- 117.9  ffr. / 176 pages
ISBN : 978-2-8001-4352-1
FORMAT : 22x30 cm

À schtroumpfer absolument !

« Brigands et malandrins » se donnent rendez-vous dans le troisième tome de l’intégrale consacrée aux aventures de Johan, le petit page du Roi, et Pirlouit, son inséparable faire-valoir. Outre les deux héros et les bandits susmentionnés, le lecteur y croisera également de drôles de petits lutins bleus au vocabulaire limité : les Schtroumpfs.

C’est dans le mythique épisode intitulé « La flûte à six trous » (puis rebaptisé « La flûte à six Schtroumpfs ») que Peyo donne naissance aux personnages qui feront sa fortune (et son infortune, puisque leur succès l’obligera à abandonner, à contre-cœur, Johan et Pirlouit). L’histoire commence lorsque le petit Pirlouit, qu’on sait amateur de musique (autant qu’exécrable musicien), acquiert une étrange flûte à six trous dont il s’avère bien vite qu’elle est enchantée. Ainsi, lorsque son propriétaire souffle dans l’instrument, ceux qui l’entendent jouer ne peuvent s’empêcher de s’agiter frénétiquement au rythme de la musique, avant de « tomber en pâmoison » (clin d’œil de Peyo au rock’n’roll, considéré alors comme une « musique de sauvages » ?). Tombée dans de mauvaises mains, la flûte à six trous pourrait devenir une arme redoutable ! Or donc, voilà que l’instrument est dérobé par un fieffé gredin, bien décidé à mettre à profit cette acquisition. Pour l’empêcher de nuire, Johan et Pirlouit doivent se rendre au Pays Maudit, là où vivent les Schtroumpfs, les lutins qui fabriquent les flûtes enchantées...
Outre son intérêt historique évident, cet épisode est tout simplement excellent. Pour la première fois, Peyo passe à 60 pages, ce qui lui permet de développer une histoire riche en suspense (notamment autour de l’apparence des Schtroumpfs, qui n’est dévoilée qu’aux deux tiers de l’album) et en rebondissements. L’humour n’est pas oublié, puisque l’album compte également quelques passages très amusants.
Même si l’univers des petits lutins bleus n’est encore qu’ébauché (point ici de Schtroumpf à lunettes, de Schtroumpf grognon et encore moins de Schtroumpfette : seul le Grand Schtroumpf se distingue du reste de la population schtroumpfe par son auguste barbe et sa tenue rouge), il est déjà évident que ces personnages sont une trouvaille géniale, et que leur histoire ne fait que commencer.

La présence de ce chef d’œuvre incontournable qu’est « La flûte à six Schtroumpfs » ne doit pas éclipser les deux autres albums qui composent le recueil : « La Flèche noire » et « Le sire de Montrésor », tous deux très réussis.
Dans le premier, nos deux vaillants compères ont maille à partir avec une bande de brigands qui mettent à sac la région... Il y a un traître dans le château du Roi, mais qui ? Un épisode très classique mais bien mené, dont on retiendra surtout qu’il marque le début du lettrage en minuscules, une particularité désormais indissociable du style Peyo.
Dans le second, suite à un concours de circonstances, Pirlouit se retrouve à la tête du fief de Montrésor. Le véritable sire de Montrésor, quant à lui, est un jeune garçon qui vient de s’évader du cachot où son tuteur le retenait captif depuis sa plus tendre enfance. Nos deux vaillants héros devront aider le seigneur légitime à renverser l’usurpateur... À noter que dans cette histoire, Pirlouit se voit flanquer d’un nouvel animal de compagnie : Romulus, faucon placide et végétarien. Ce singulier volatile est la meilleure trouvaille d’un album par ailleurs riche en situations cocasses et en scènes mouvementées.

Comme d’habitude, le recueil est complété d’un dossier signé Alain de Kuyssche, toujours intéressant malgré quelques digressions un peu curieuses (une comparaison pas très convaincante entre « Le sire de Montrésor » et « Les cousins Dalton », ainsi qu’un petit laïus sur la condition des femmes des années 50, supposé justifier la misogynie qu’on pourrait soupçonner chez l’auteur de Johan et Pirlouit). Deux histoires courtes, réalisées pour des numéros spéciaux de Spirou et inédites en album, sont également au menu.

Ce troisième volume est donc un grand cru de l’intégrale Johan et Pirlouit, incontournable pour tout amateur des classiques franco-belges.

Michaël Bareyt
( Mis en ligne le 08/06/2009 )
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