L'actualité du livre
Bande dessinéeet Humour  

Ingmar (tome 4) - Le siège de Paris
de Hervé Bourhis et Rudy Spiessert
Dupuis 2010 /  9.95 €- 65.17  ffr. / 48 pages
ISBN : 978-2-8001-4444-3
FORMAT : 22x30 cm

Paris réussi

Alors que ses congénères assiègent Paris, Ingmar le Viking cherche lui aussi, mais pour des raisons toutes différentes, à pénétrer dans la ville franche. C'est que notre (anti-)héros a reçu une lettre alarmante de sa bien-aimée Cuneen, retenue de force au couvent de la montagne Sainte-Geneviève. Pour les yeux de la belle, le Viking le plus froussard et le plus paresseux des Terres du Nord est prêt à affronter tous les dangers... y compris le mystérieux serial killer qui terrorise l'Île de la Cité.

Avec ce quatrième tome, la sympathique série de Bourhis et Spiessert exécute un virage sensible vers l'humour débridé. Premier indice de cette nouvelle orientation : le dessin, plus cartoonesque et schématique qu'auparavant. Si l'on compare au premier tome, la différence est d'ailleurs frappante : de même que certains tomes de Blueberry paraissent avoir été dessinés par Moebius, le dessinateur Rudy Spiessert semble être ici sous « l'influence » de son alter ego Pluttark (le pseudonyme sous lequel il signe notamment Bipèdes chez Dargaud).
Au scénario, Hervé Bourhis louche clairement du côté d'Astérix – la prestigieuse référence est d'ailleurs ostensiblement assumée, comme l'atteste entre autres le très amusant « Ingmarama ». L'aventure parisienne du petit Viking est truffée de références anachroniques, qui réjouiront tout particulièrement les amoureux de la capitale : on aperçoit nombre de lieux familiers, tels que l'auberge de la Tour d'Argent (« pas fameux mais pas cher ») ou l'échoppe de Gibert l'Ancien (« grimoires scolaires »). Quai des Orfèvres, on croise même le commissaire Maigret, version Bruno Cremer ; et, ailleurs, un auteur de bandes dessinées bien connu. Les amateurs de jeux de mots raffinés seront gâtés également, puisque l'album en recèle quelques beaux échantillons (« tu es sûr que tu ne veux pas un avocat ? »). Au-delà de cette farandole de clins d’œil, l'humour repose surtout sur un comique de situation permanent : certains passages particulièrement absurdes, comme celui où Ingmar est pris pour un émissaire viking, donnent lieu à des dialogues d'anthologie.

Situations cocasses, personnages farfelus, anachronismes, jeux de mots et caricatures : si ce n'est pas la recette de la potion magique, cela s'en approche bougrement. « Le siège de Paris » est un album réjouissant de bout en bout, et une réussite de plus à l'actif du duo Bourhis-Spiessert. On espère que ces deux-là et leur petit barbare sauront nous surprendre encore longtemps.

Michaël Bareyt
( Mis en ligne le 28/06/2010 )
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