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Bande dessinéeet Humour  

Naguère les étoiles (tome 1)
de Hervé Bourhis et Rudy Spiessert
Delcourt - Shampooing 2010 /  10.50 €- 68.78  ffr. / 48 pages
ISBN : 978-2-7560-1856-0
FORMAT : 22,6x29,8 cm

Dans une galaxie pas si lointaine…

Une princesse qui fuit un noir seigneur, les plans d’une forteresse dangereuse et de ses failles, un empire oppresseur et une résistance en péril, et un jeune berger qui rêve d’un destin héroïque… La trame de La Guerre des étoiles, pour usée qu’elle soit, a donné un film culte, et bien des ouvrages : en voici, avec Naguère les étoiles, la version détournée. Dès les premières planches, l’ambiance est posée : dans un univers moyenâgeux, un char traîné par des bœufs est en passe d’être rattrapé par un char plus puissant, traîné par des taureaux (eh !). Le seigneur Salvador entend capturer la princesse Leica, mais celle-ci parvient à faire échapper deux « druides », leur confiant pour mission de trouver un dénommé Suzy-Wan pour lui mander son aide… Et la suite est à l’aune de ces premiers strips : dans la foulée, on croise un ancien « chevalier de Jadis », un oiseleur nomme Yann Kersolo (et son compère, un barbare borborygmatique), des soldats coiffés d’un crâne blanc, et soumis aux pouvoirs de la Foy (en gros, l’envie impromptue d’uriner), des épées colorées (qui seraient bien plus fun si elles faisaient un bruit)… bref Star Wars (version longue) au ras du sol, sur le plancher des vaches, en version bouseuse et médiévale, avec son lot d’adaptations improbables (Jabba devient une huître géante et le Millennium Falcon un épervier géant pas très futé), de gags débiles à base de bretzels et de héros demeurés.

Format comics trip (un gag en une demi planche), l’album se dévore avec appétit, trop vite même, tant les amateurs du film guetteront le détournement de tel ou tel moment culte. Hervé Bourhis et Rudy Spiessert, qui avaient déjà fait la démonstration de leur belle connivence et de leur talent dans Le Stéréo Club, reviennent avec un objet original : si Star Wars peut aisément se prêter au détournement humoristique, encore fallait-il tenir la distance et ne pas tomber dans la facilité. Le scénario d’Hervé Bourhis tient, haut la main, le challenge et l’humour est d’autant plus au rendez vous qu’il est souvent inattendu, jouant d’une incongruité, d’un contraste… Au pinceau, Rudy Spiessert s’en donne à coeur joie en parodiant, lui aussi, un univers très codifié et immédiatement reconnaissable : la transformation d’un univers SF en univers médiéval est très réussie (mention spéciale pour les véhicules comme le Landspeeder, ou encore la scène célèbre de la cantina). On sent que l’album a été pensé, par des fans, et son côté un peu générationnel n’échappera pas aux lecteurs.

Une parodie donc, blasphème diront les puristes, mais l’album est tellement bien senti, tellement drôle en reprenant – pour les détourner – les dialogues cultes du film culte, que Bourhis et Spiessert seront pardonnés (et en plus, ils annoncent déjà une suite : la foy vaincra !). Et dans cet album, le détournement est tout à la fois systématique sans être outré. La parodie officielle alors ?

Gilles Ferragu
( Mis en ligne le 25/10/2010 )
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