L'actualité du livre
Bande dessinéeet Humour  

Germain et Nous - L'Intégrale, tome 1
de Frédéric Jannin
Le Lombard 2003 /  15 €- 98.25  ffr.

Bof génération, le retour !

Pour tous ceux qui ont la trentaine, un peu moins, un peu plus, Le Lombard a réservé une sacrée surprise en ce début d’année. Alors que la période est plutôt à la frangipane de supermarché, symbolisée par la multiplication des mauvais albums trop bien marketés, cet éditeur là a eu la sacrée bonne idée de nous allécher avec une bonne vieille recette qui a fait ses preuves : la madeleine de Proust. En ressortant Germain et nous, découpé en quatre tomes de deux cent pages répartis tout au long des mois à venir, il n’est bien sûr pas exempt d’arrières pensées financières. Mais qui oserait l’en blâmer ? Car il fait aussi oeuvre de caméra super-huit, et remet au jour ces vieux films sur lesquels se jette tout trentenaire ancien lecteur de Spirou, comme on se jette parfois d’urgence sur n’importe quel psy pour lui raconter son enfance.

De psy il est justement question, d’éducation aussi dans le contexte post-soixante-huitard, pas si facile pour des parents qui avaient dû se dépatouiller avec le temps des barricades, d’un côté ou de l’autre, ou au milieu d’ailleurs. Alors ça peut donner ça, le vieux beauf fou de foot et de bière qui sert de père à Germain, mais aussi ça, le couple écolo-bouddhisto-libertarien soucieux de ne pas brusquer sa fille Sophie, «oui parce que bon». Ça donne aussi des ados déboussolés, une bande de potes où chacun a un rôle et ses soucis, le bouton sur le nez avant un rendez-vous crucial, l’enregistrement d’un concert de rock, les quelques grammes en trop ou plus simplement l’existentielle question : comment occuper ses journées ou, « qu’est-ce qu’on fait» ?

Bref, la «bof génération» dans toute sa splendeur. Avec cette intégrale de Germain et nous dans laquelle on découvrira un petit lot d’anecdotes sur les coulisses de la création, on est bel et bien dans le domaine du «culte», peut-être parce qu’on a l’impression de feuilleter un vieil album de famille. Après tout, dans Germain et nous, il y a «nous». Et c’est surtout ça qui compte, tous les psys vous le diront. A ne manquer sous aucun prétexte, cela va sans dire.

Thomas Bronnec
( Mis en ligne le 26/01/2003 )
Droits de reproduction et de diffusion réservés © Parutions 2024



www.parutions.com

(fermer cette fenêtre)