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Bande dessinéeet Humour  

Rat's (tome 7) - Tous à la flotte !
de Ptiluc , Philippe Viala et Corcal
Les Humanoïdes associés 2004 /  9.45 €- 61.9  ffr. / 48 pages
ISBN : 2911501071
FORMAT : 22,5x29, 7 cm

Jusqu’où iront-ils ?

Amis misanthropes, si vous désespérez de l’espèce humaine, alors la lecture de Ptiluc est faite pour vous : les rats sont peut être pire ! En effet, ce septième opus de Rat’s, Tous à la flotte, est à l’image des précédents : drôle, cynique et vaguement désespérant. Les rats, parvenus en face d’une étendue d’eau, sont parvenus à convaincre les Castars de leur fabriquer des navires à roue et à rame (voire d’y jouer le rôle de matière première), et de les actionner. Il reste à se lancer à l’eau, maintenir la cohésion des uns et la sujétion des autres, se débarrasser des crapauds gêneurs et des rivaux… la lutte pour la vie continue : si Darwin voyait ça !

Les albums de Ptiluc se suivent et se ressemblent : si le dessin s’est quelque peu affiné (mais sans véritablement individualiser les personnages, ce qui n’est d’ailleurs pas la priorité), les histoires et les récits suivent toujours les mêmes ressorts et des thèmes proches (l’individu face au groupe, la manipulation des masses, la politisation des abrutis, l’ignorance et la haine…). Les dialogues sont toujours aussi savoureux et cruels. Peut-être les fans de la première heure vont-ils se lasser ? Qu’ils se précipitent alors sur La foire aux cochons (Albin Michel), du même, qui vient de ressortir en coffret et offre un point de vue délirant sur la mort et sa suite. Pour les nouveau-venus dans une œuvre féconde, le ton original, sans euphémismes, et qui aborde crûment diverses réalités, confère à ces albums un caractère novateur et plutôt libertaire. Le tome 7 n’épargne personne et s’avère à ce titre aussi rafraîchissant que les précédents : le lecteur, qui ne parvient pas à s’attacher à ces bestioles sans scrupules ou trop stupides, ne peut que se divertir devant tant de mesquinerie.

Voilà déjà six albums que les rats de Ptiluc ont entamé une sorte de «Grande Marche» qui, depuis le bord d’une autoroute, les a menés jusqu’à la mer… et le moins que l’on puisse dire face à tant d’efforts, de bassesses, de méchanceté et de cynisme, c’est : encore ! Entraîné dans cette fresque animalière qui n’a que de très lointains rapports avec le monde sucré d’un Walt Disney, le lecteur apprécie rapidement cette ambiance un peu déjantée où, quelles que soient les créatures rencontrées (des crapauds égoïstes, des castors niais, des carpes sournoises…), chacun lutte autant pour sa survie que contre celle des autres. Pas de politiquement correct dans l’œuvre de Ptiluc, mais plutôt une logorrhée politicienne qui, par endroit, rappelle des discours réels (le Parti des rameurs remotivés !) et tout autant hypocrites. La ratitude est à l’image de notre espèce. Tous à l’album !

Gilles Ferragu
( Mis en ligne le 18/05/2004 )
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