Bande dessinée
Humour de Manu Larcenet
Dargaud - Poisson Pilote 2005 / 9.80 €- 64.19 ffr. / 48 pages
ISBN : 2205056867
FORMAT : 23 x 30 cm
Larcenet squatte la banlieue
Dans sa cité, le « chétif et malingre » Nic Oumouk n’a qu’un rêve : se faire du fric ! Et pour cela, toutes les idées sont les bienvenues : pourquoi pas devenir le manager de Jean-Bruno, alias Jambonneau, alias Dangerous Killer JB, son copain de classe et rappeur qui ne demande qu’à être adulé ? Première étape : Nic Oumouk va voir l’assistante sociale pour monter un dossier en vue d’obtenir une salle de répétition de la mairie. Ravie que Nic Oumouk décide de « s’intégrer socialement » grâce à la musique, l’assistante sociale ne peut pourtant rien lui promettre ; il va peut-être falloir attendre un ou deux ans pour avoir l’aval du conseil municipal… Trop long pour Nic Oumouk, qui se fait plumer tous les jours par le roi du racket, Yannick Noah, et ses deux acolytes dont le vocabulaire se résume à « ziva » et « culé ».
C’est là que lui vient une lueur de génie : travailler pour Yannick Noah et lui reverser une partie de ses larcins. Comme ça tout le monde est content. Mais Nic Oumouk n’a pas la trempe d’un délinquant (« Comment que c’est dur ! »), et sa formation n’est pas de tout repos. Surtout qu’il doit s’entraîner de nuit, à l’insu de sa mère et de sa grand-mère avec qui il vit. Et la nuit, la cité tremble sous la menace du terrible Edukator, qui surgit dès qu’une faute d’orthographe est taguée sur un mur ou qu’une faute de français est prononcée. C’est alors la punition assurée (port du bonnet d’âne, recopiage du dictionnaire…). Bref, la vie n’est pas facile pour Nic Oumouk, « pauvre, issu de l’immigration et en situation familiale précaire » (et avec un peu d’impétigo) !
Manu Larcenet squatte la banlieue pour cette nouvelle série, plus proche de La Légende de Robin des Bois que du Combat ordinaire, du Retour à la terre ou même des Aventures rocambolesques. Il se joue de manière assez prévisible des clichés locaux – illettrisme, racket, délinquance, problèmes d’intégration – pour créer des ressorts comiques qui ne manquent pas de nous faire sourire, mais il faut bien avouer qu’on reste un peu sur sa faim : Larcenet n’a pas forcé son talent, que l’on sait pourtant très grand. Il n’est jamais meilleur que lorsqu’il distille son humour au sein de ses questionnements existentiels. Là, ce n’est pas le cas : place à la légèreté… et donc au plus vite oublié. Ce nouveau Larcenet fera surtout la joie des ados ; quant aux plus grands, ils ne manqueront pas de se procurer avant tout le dernier tome du Retour à la terre, sorti juste avant Nic Oumouk.
Anne Bleuzen
( Mis en ligne le 07/05/2005 )
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