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Bande dessinéeet Humour  

Garfield, tome 31 - Ma soupière bien-aimée
de Jim Davis
Dargaud 2000 /  7.94 €- 52.01  ffr. / 47 pages
ISBN : 2-205-05059-1
FORMAT : 23 X 30

Chronique du cruel ennui

C'est le 31è album de Garfield, ce qui dénote, même pour un chat, une remarquable longévité. Garfield appartient à la même famille que Snoopy. Le dessin y est enfantin et épuré; les histoires sont courtes et pourtant elles réussissent à y inviter l'absurde et le sens de la formule. Garfield est à Snoopy ce que Dark Vador est à Obi wan Ken obi : le côté obscur. Garfield est obèse, goinfre, cynique, égocentrique et cruel. Il règne en maître absolu sur la maison (moins à l'extérieur qu'il n'apprécie pas trop) et ne craint finalement que le régime (qu'il vit très mal) et les railleries de sa balance.

Les deux autres personnages, Jon et Oddie, sont à la mesure du héros. Jon en effet n'est pas sans rappeler notre Jean-Claude Tergal national. Enfant raté parvenu à l'âge adulte faute d'avoir pu faire autrement, il survit sans ami ni copine, sans passé ni avenir, et sans style. Sa vie est minable et ses tentatives désespérées pour meubler le samedi soir sont d'un pathétique superbe. Oddie quant à lui est un chiot de cartoon dont l'activité essentielle consiste à remuer la queue en bavant. Il a de brefs éclairs d'intelligence durant lesquels sa cruauté avoisine celle de Garfield.

Jim Davis n'a jamais dévié de ce canevas, ce qui est tout à son honneur. Dans cet album, les histoires sont toujours aussi courtes (le plus souvent 3 vignettes et parfois une page) et sont toujours des odes à l'ennui qui régit la vie de ses personnages avec la cruauté et le non-sens qui en découlent. Là encore, Garfield continue d'écraser sadiquement les araignées, fussent-elles pacifistes (il est moins doué pour les mouches), d'enfoncer Jon dans sa médiocrité, de torturer un Oddie toujours aussi peu rancunier, à se goinfrer, dormir et laisser courir les souris. Rien n'a donc changé. Si ce n'est que tout y semble un peu moins épicé, moins cruel et moins absurde. Ce n'est ni une trahison ni vraiment une déception, juste une sourde inquiétude qui étreint le lecteur passionné: et si les personnages commençaient à se fatiguer de cet ennui qui est le leur et qui nous a tant fait rire ?

Loïc Simon
( Mis en ligne le 15/12/2000 )
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