L'actualité du livre
Bande dessinéeet Jeunesse  

Les Mayas (tome 1)
de Jacques Martin et Jean Torton
Casterman - Les Voyages d'Alix 2004 /  9.50 €- 62.23  ffr. / 64 pages
ISBN : 2203329319
FORMAT : 23 x 30 cm

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Les aventures d’Alix font partie des classiques de la bande dessinée : dans un contexte peu usité (l’Antiquité, de la pax romana à la Chine impériale), les tribulations d’Alix, le prince romain né gaulois, et de Enak, son ami égyptien, auront fait rêver nombre de lecteurs, et sans doute attiré quelques-uns vers l’histoire. Le graphisme à la fois précis et extrêmement dense, riche en détails historiques, s’allie avec des scénarios qui s’inspirent de l’histoire générale tout en en explorant des potentialités, des marges. De la sorte, Jacques Martin a créé un univers de BD autant qu’un héros, une sorte de BD historico-ethnologique plus appétissante qu’un manuel d’histoire.

Dans la foulée de cette Antiquité revisitée, Jacques Martin a eu l’idée, depuis quelques années, d’utiliser Alix comme marque de fabrique pour une collection très pédagogique, Les Voyages d’Alix, censée nous faire découvrir diverses cultures antiques (grecque, égyptienne, carthaginoise…). L’ensemble, pour être intéressant, est toutefois assez aride : si le talent du dessinateur (Jean Torton en l’occurrence, mais dans le style de Jacques Martin) permet de restituer la majesté et la grandeur de certaines constructions antiques mésoaméricaines, cela n’en fait pas pour autant une bande dessinée, mais plutôt un dossier pédagogique richement illustré (photos et dessins), un cours de luxe en quelque sorte. «Les Mayas», le nouvel opus des voyages en question, relève de cette approche : reconstitution de magnifiques temples et cités (Tikal, Palenque…), planches de costumes, d’objets familiers, commentaires érudits sur certains aspects d’une culture riche qui, de 250 à 950 après JC, s’étendait sur une grande partie de l’Amérique centrale. Car les Mayas sont à l’origine d’une civilisation très élaborée, tant dans les arts (en particulier l’architecture) que les sciences, et dotée d’une écriture hiéroglyphique.

Inévitablement, ce type de commentaire pose la question du public : bien évidemment, les amateurs d’Antiquité découvriront avec intérêt cet ouvrage clair et bien construit, qui s’adresse autant à un public scolaire qu’à tous les curieux d’histoire. En ce sens, le travail de Torton relève plus des «reconstructions» à partir des données archéologiques, que de l’illustration d’un récit. Aussi, en aucun cas, on ne peut assimiler ce type de réalisation à de la BD, et le simple amateur des aventures d’Alix sera forcément déçu et floué. Peut être serait-il alors judicieux de différencier les deux genres et de rendre à Alix ce qui appartient à Alix…

Gilles Ferragu
( Mis en ligne le 28/06/2004 )
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