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Jeunesseet Romans historiques  

Le Bateau-Usine
de Takiji Kobayashi
Yago 2009 /  18 €- 117.9  ffr. / 137 pages
ISBN : 978-2-916209-64-7
FORMAT : 13cm x 20cm

Traduction d'Evelyne Lesigne-Audoly.

Grève générale

Le Bateau-Usine (Kanikosen) est un roman quasi mythique au Japon. Son auteur, Kobayashi Takiji (1903-1933), militant communiste, est mort sous les coups de la police après son arrestation, le 20 février 1933.

Son roman avait été publié en 1929 et immédiatement interdit par les autorités japonaises ; il ne sera publié à nouveau qu’en 1948. Il s’inscrit dans la grande tradition de la littérature prolétarienne, et rappelle les textes de Jack London (Le Talon de fer, etc.) ou encore de Sinclair Lewis (La Jungle). Peu connu en Occident, il n’avait été traduit qu’en Anglais en 1973. C’est donc un inédit en France, que l’on doit aux toutes jeunes éditions Yago (fondées en 2005). En revanche, au Japon il est devenu un best-seller, surtout depuis 2008 ; il est le sujet de plusieurs mangas et vient d’être transposé au cinéma par Hiroyuki Tanaka (il y avait déjà eu un film en 1953, Les Bateaux de l’enfer).

Le Bateau-Usine est un roman politique à plusieurs titres : il rappelle les ambitions d’expansion japonaise dans l’entre-deux-guerres, face à l’Union Soviétique, dans la mer d’Okhotsk. Mais surtout, c’est une terrible histoire de misère et de luttes : paysans pauvres et enfants sont enrôlé sur un «bateau usine», le Hakkô-maru, pour aller pêcher le crabe, qui sera conditionné sur place pour être revendu ensuite.

La première phrase donne le ton : «C’est parti ! En route pour l’enfer !». Les conditions de vie sont atroces, l’encadrement impitoyable. Une révolte finit par éclater, qui se transforme en grève générale… On pense souvent en lisant ces pages, même si la réalité décrite est autre, au Cuirassé Potemkine. La fin est optimiste : réussite de la grève générale et de la politisation des marins devenus des «hommes».

Toute une histoire de l’appropriation de la dignité par les miséreux des premières pages, désormais hommes-debout et conquérants de la liberté… Cette fin optimiste explique aussi sans doute le succès considérable remporté aujourd’hui par ce texte (qui est aussi «daté») dans une jeunesse japonaise qui se sent menacée par le travail précaire, et des conditions de vie plus difficiles, plus incertaines qu’à la génération précédente.

Un texte à découvrir, à partir de 13/14 ans (mais sans limitation d’âge).

Marie-Paule Caire
( Mis en ligne le 16/12/2009 )
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