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Méthode Boscher

Belin - Méthode Boscher ou la Journée des Tout Petits 2004 / 

Pied Savine, Sansey Gérard, Fuggetta Hélène, Cahier d'exercices de lecture, Belin (Méthode Boscher ou la Journée des tout petits), 2004, 64p., 5.95 €, ISBN : 2-7011-4013-7

Sansey Gérard, Cahier d'exercices d'écriture, Belin (Méthode Boscher ou la Journée des tout petits), 2004, 32p., 4.50€, ISBN : 2-7011-3928-7

Mon abécédaire, Belin (Méthode Boscher ou la Journée des tout petits), 2004, 26p. 6,90 €, ISBN : 2-7011-3926-0



B-A bah…

La méthode Boscher n’est pas une méthode d’apprentissage de l’écrit. Lire c’est comprendre, écrire c’est produire un texte qui véhicule du sens. Or cette méthode est fondée sur le déchiffrage, raison pour laquelle elle a été remise en question par de nombreux pédagogues, l’apprentissage du code ne pouvant être dissocié de celui de la construction du sens.

Pourtant, les éditions Belin tentent de ressusciter cette méthode en faisant paraître trois nouvelles versions des livrets d’accompagnement : un cahier de lecture, un cahier d’écriture, un abécédaire. Mais la nouveauté n’est que dans la forme, avec une mise en page claire, quoique les consignes soient souvent sources de confusions. Sur le fond, rien n’a été changé : cette méthode syllabique, avec ses limites bien connues, coupée de tout contexte, ne permet pas à l’apprenti lecteur de développer les compétences requises dans le domaine de l’écrit.

Le cahier de lecture se présente sous la forme d’un cahier d’exercices. Le but est d’aider l’enfant en lui faisant découvrir les éléments de combinatoire nouveaux apportés par la lettre ou le son introduit à la page correspondante du manuel. Le principe étant de faire prononcer correctement un mot nouveau par examen combinatoire et de chercher ensuite le sens de ce mot. Le cahier d’écriture se compose de six pages de graphismes préparatoires au tracé des lettres proprement dites. Ces graphismes préparent à la fois à l’écriture des lettres minuscules et majuscules, en écriture cursive (ronde attachée). Sur chacune des autres pages, le tracé des lettres fait référence aux tracés préparatoires qui la composent, éventuellement accompagnés de compléments particuliers. L’abécédaire, quant à lui, est joliment présenté, sans plus d’intérêt que n’importe quel autre livre du genre ; on peut même lui reprocher la pauvreté du lexique, réduit à quatre mots pour chaque lettre.

Sans revenir sur le débat des méthodes, on peut relever que l’utilisation de tels outils est basée sur trois principes : priorité absolue donnée à la combinatoire, passage par une étape phonique d’appropriation du mot avant de parvenir à sa compréhension, découverte du message par prononciation des mots. Si cette démarche d’apprentissage de la lecture est critiquable à cause de ses limites reconnues, elle présente néanmoins un intérêt : permettre à l’enfant de ne pas deviner ce qui est écrit, mais au contraire de s’appuyer sur le code afin de valider ou pas son hypothèse. De la même façon, apprendre à écrire ne peut se résumer à la tâche d’écriture proprement dite, tout écrit étant forcément ancré dans une situation de production de texte ; en ce sens, le cahier d’écriture constitue un support pratique dans l’exercice d’entraînement à la formation des lettres.

Finalement, on peut s’interroger sur l’utilité de ces fascicules et sur la nécessité de les avoir réactualisés : est-ce pour répondre à un besoin précis et ponctuel des enseignants ou à un phénomène de mode remettant nostalgiquement au goût du jour des méthodes ancestrales ? Quoi qu’il en soit, libre à chacun d’avoir recours à cette méthode, à condition que celle-ci ne constitue pas le fondement de la pédagogie mais plutôt son complément.

Géraldine Bouchindhomme
( Mis en ligne le 12/10/2004 )
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