L'actualité du livre
Jeunesseet A partir de 7 ans  

Les Roses anglaises
de Madonna
Gallimard - Jeunesse 2003 /  12 €- 78.6  ffr. / 48 pages
ISBN : 2070556255
FORMAT : 20,3 x 25,4 cm

Traduit de l'anglais par Jean-François Ménard (titre original : "The English Roses").

Illustrations : Jeffrey Fulvimari.


Pour la bonne cause

Madonna n’a pas l’habitude de faire les choses à moitié. Pour le lancement du premier de ses cinq contes pour enfants, Les Roses anglaises, qui sort à un million d’exemplaires dans plus de 100 pays, la star a convoqué la presse internationale le 15 septembre dans les salons du Ritz, à Paris, avant la garden-party organisée dans les jardins de son éditeur français, Gallimard. Si l’événement est incontestablement médiatique, il n’est pas certain qu’il soit littéraire. Les Roses anglaises, c’est l’histoire de Binah, une petite fille très belle, très bonne élève et très gentille, mais qui n’a pas d’amis. Quatre fillettes de son quartier (ce sont elles, les « roses anglaises ») la jalousent et ne l’invitent jamais à partager leurs jeux. Une nuit, une bonne fée leur ouvre les yeux sur la véritable Binah, dont la maman est morte et qui doit s’acquitter de toutes les taches ménagères à la maison. Amy, Charlotte, Nicole et Grace, prises de remords, se rendent alors compte qu’elles ne voudraient pour rien au monde échanger leur vie contre la sienne et décident de devenir ses amies.

Voilà donc une petite leçon de morale sur la jalousie. La seule originalité que l’on peut reconnaître à Madonna est le ton pour le moins « direct » de son narrateur : «Si tu me réponds non, dit-il en s’adressant au lecteur, c’est un énorme mensonge et je vais le dire à ta mère. Et maintenant, cesse de m’interrompre.» Pour le reste, malheureusement, la déception est au rendez-vous : on a l’impression d’avoir lu mille fois cette histoire (mais en mieux), la mise en scène des personnages est très limitée, les ressorts qui font avancer le récit très classiques (la sorcière et sa poudre magique), la fin en queue-de-poisson monumentale : «[…] Un jour, elles deviendront des femmes exceptionnelles. Et tu sais quoi ? C’est ce qui arriva. Si tu ne me crois pas, va donc voir toi-même. Ce n’est pas moi qui l’ai inventé.» Va donc voir toi-même… où ? quoi ? La star a dit avoir mis « tout son cœur » dans l’écriture de ce livre, et l’on veut bien la croire. Le personnage de Binah relève autant de Madonna que de sa fille, selon ses propres dires. Mais le conte de la nouvelle venue en littérature enfantine est un peu court, dans tous les sens du terme. Le travail du graphiste Jeffrey Fulvimari en fait cependant un bel album aux couleurs vives, largement illustré.

C’est la volonté de « partager la sagesse spirituelle acquise par l’étude de la Kabbale », à laquelle elle s’intéresse depuis plus de sept ans, qui a motivé Madonna à ajouter à son arc la corde de l’écriture de livres pour enfants. Mère de deux enfants (Lourdes, bientôt 7 ans et Rocco, 3 ans), auxquels ce premier conte est dédié, Madonna veut aussi à travers les livres « leur transmettre deux ou trois choses sur la vie, l’amour et la recherche du bonheur ». La première homélie de la nouvelle dame cathé de la mystique juive n’est pas très captivante, mais l’icône a le mérite de se mettre en danger en occupant le terrain là où, une fois de plus, on ne l’attendait pas. Et qui plus est, pas pour l’argent – du moins pas directement – puisque les bénéfices de la vente de son livre seront versés à des œuvres caritatives consacrées aux enfants. Quatre autres contes illustrés paraîtront d’ici septembre 2004. Le prochain, Les Pommes de M. Peabody, sortira le 15 novembre.

Anne Bleuzen
( Mis en ligne le 16/09/2003 )
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