L'actualité du livre
Jeunesseet Adolescents  

La Fille du dictateur
de Jackie French
Flammarion - Castor poche junior 2004 /  5.50 €- 36.03  ffr. / 162 pages
ISBN : 2-08-162489-3

Traduit de l'anglais (Australie) par Luc
Rigourneau


Surprenant

En attendant le bus de l’école dans la froidure de la campagne australienne, Mark, Anna et Petite Tracey ont l’habitude de jouer à un jeu : l’un débute une histoire inventée, et les autres rebondissent dessus, jour après jour. Bonne façon pour stimuler l’imagination, et également l’amitié. Un matin, Anna commence une drôle d’histoire : celle d’une petite fille, Heidi, brune et pas très belle, qui vit en Allemagne pendant la Seconde Guerre mondiale. Heidi appelle son papa, qu’elle ne voit jamais, Duffy. Et Duffy s’avère être Adolf Hitler, dont Heidi est la fille cachée…

Très rapidement, Mark s’aperçoit que Anna semble tout connaître de l’histoire de la petite Heidi, jusque dans les moindres détails. Et il s’interroge. Et si tout ça était vrai ? Comment peut-on être la fille d’un monstre ? Comment un enfant peut-il réagir à des situations extrêmes ? Et si ses propres parents avaient commis des atrocités dans le passé, comment réagirait-il ? Sous les demandes insistantes de ses amis, passionnés et intrigués, Anna poursuit son histoire, tous les matins, jusqu’au dénouement surprenant.

À première vue, on se dit que c’est à cause d’une absorption massive de kangourous grillés que l’auteur du livre, Jackie French, a eu l’idée de cette trame surprenante. Mais très rapidement, on comprend que le but du livre est au final assez fin : aux questionnements enfantins sur l’absurdité et l’atrocité de la guerre, de l’intolérance, de l’extermination de masse, succèdent d’autres mystères fondamentaux : un monstre peut-il aimer son enfant ? Quelle est la part d’humanité chez un dictateur ? Le lien familial survit-il à l’horreur ? Le racisme dénoncé dans cet Holocauste peut-il rejoindre les exactions commises à l’encontre des Aborigènes d’Australie ? En revanche, on restera dubitatif sur le vocabulaire employé, assez ardu, de même que sur l’immense culture dont font preuve les petits Australiens mis en scène : il est rare de voir un gamin de 11 ans tout connaître de la Seconde Guerre mondiale, jusqu’aux noms des généraux et des armes ! Un livre néanmoins très intéressant – qui a remporté en 2000 le Children’s Book Council Book of the year – mais qu’on conseillera aux parents de commenter à leurs enfants afin qu’il remplisse pleinement sa mission éducative.

Caroline Bee
( Mis en ligne le 17/11/2004 )
Droits de reproduction et de diffusion réservés © Parutions 2024



www.parutions.com

(fermer cette fenêtre)