de Philippe Steiner
La Découverte - Repère 1999 / 7.94 €- 52.01 ffr. / 122 pages
ISBN : 2-7071-3148-2
Expliquer la nature des faits économiques
Les premiers mouvements de la sociologie économique datent des décennies 1890-1920. On peut, dans un premier temps, la comprendre comme un élément de soutien à l'économie marginaliste qui doit s'affirmer face aux classiques anglais. C'est dans les années 1920-1930 que s'opère la coupure entre économie et sociologie : la première étudie les comportements rationnels, la seconde des comportements irrationnels. Le regain d'intérêt pour une sociologie économique date des années 1980 au prix d'une remise en cause de la précédente dichotomie : tous les actes économiques ne sont pas rationnels, les actions sociales le sont souvent... Voilà ce qui fait la pertinence de la sociologique économique : elle parvient à expliquer, souvent de façon plus claire que la théorie économique, la nature des faits économiques.
La sociologie économique se distingue de l'économie traditionnelle par sa dimension plus politique : elle refuse l'idée d'un homme désocialisé mû par la simple maximisation du gain. L'homme est toujours inséré dans un ensemble de relations sociales. La sociologie économique se singularise donc par une triple originalité.
D'abord elle intervient dans ce que l'on appelle la construction sociale des grandeurs économiques. Elle permet de comprendre pourquoi nous sommes plus enclins à épargner une rentrée d'argent exceptionnelle qu'une rentrée identique liée à une augmentation du salaire mensuel. Elle possède également une dimension analytique qui permet, par exemple, de comprendre la meilleure insertion professionnelle de telle ou telle catégorie de la population. Sa troisième dimension est cognitive : elle explique sous un jour inédit la modification des comportements sous l'influence de l'extension de la sphère économique à l'ensemble des activités sociales.
Mais au-delà d'un panorama simplement descriptif, comme le laisse supposer le titre, l'ouvrage se propose d'éclairer les éléments apportés par cette discipline à une meilleure compréhension du marché. Ce parti pris a pour inconvénient de faire l'impasse sur certains champs de la discipline. Mais Philippe Steiner guide le lecteur dans une réflexion construite, en lui donnant des pistes pour mieux comprendre la réalité qui l'entoure, rendant ainsi cette discipline attrayante.
Une première partie est consacrée à l'étude des apports théoriques de la sociologie économique depuis la fin du XIXe siècle. Les autres chapitres présentent le marché dans l'ensemble de ses dimensions sociologiques. La dernière partie de l'ouvrage consacrée au réseau, thème d'actualité dans la réflexion économique, est particulièrement intéressante. L'excellente bibliographie renforce l'intérêt de ce livre, véritable point d'entrée dans ce champ de la sociologie qui mérite d'être mieux connu.
Cyril Colléatte
( Mis en ligne le 14/08/2001 )
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