L'actualité du livre
Histoire & Sciences socialeset Poches  

Les Français sous Napoléon
de Jean Tulard
Hachette - Pluriel 2009 /  8 €- 52.4  ffr. / 310 pages
ISBN : 978-2-01-279495-5
FORMAT : 11cm x 18cm

L'auteur du compte rendu : Archiviste-paléographe, docteur de l'université de Paris I-Sorbonne, conservateur en chef du patrimoine, Thierry Sarmant est adjoint au directeur du département des monnaies, médailles et antiques de la Bibliothèque nationale de France. Il a publié Les Demeures du Soleil, Louis XIV, Louvois et la surintendance des Bâtiments du roi (2003), Vauban : l'intelligence du territoire (2006, en collaboration), Les Ministres de la Guerre, 1570-1792 : histoire et dictionnaire biographique (2007, dir.).

La vie quotidienne sous l’Empire, trente ans après

L’Empire, dans la mémoire collective, c’est le fracas des armes, les conquêtes, les uniformes rutilants, les victoires et les défaites de Napoléon. C’est à des sujets politiques ou militaires que sont consacrés la grande majorité des ouvrages qui paraissent chaque année sur les années 1799-1815.

La monographie de Jean Tulard, La Vie quotidienne des Français sous Napoléon, publiée en 1978 et aujourd’hui rééditée sous un autre titre, a donc le mérite de l’originalité. Si la France a changé entre le 18 Brumaire et 1815, l’auteur choisit de braquer son objectif sur l’apogée du régime, soit les années 1809-1811, après la «remise en ordre» consulaire, après le tournant autoritaire du sacre. Dans une première partie, «La France immobile», Jean Tulard traite des campagnes, qui absorbent peu à peu le choc des transformations révolutionnaires et subissent le poids des réquisitions et de la conscription. Une seconde partie, «La Route», décrit un Empire fragmenté et comme dilaté par la lenteur et la difficulté des communications. Et cependant, la France est en mouvement : soldats, nomades, ouvriers, saisonniers, colporteurs sillonnent les routes du Grand Empire des 130 départements. Le régime ne se soucie guère que de l’amélioration des grands axes stratégiques, par où les troupes passent d’un théâtre d’opérations à l’autre. Le réseau vicinal, embryonnaire, est d’une qualité déplorable. La dernière partie, «Le monde des villes», évoque la bourgeoisie et les «classes dangereuses», les militaires et les émigrés, et enfin la vie de cour.

Lors de la première parution de ce volume, les grands travaux d’histoire économique et sociale de l’époque napoléonienne faisaient souvent défaut. Avec talent, Jean Tulard a compensé cette lacune en utilisant les relations de voyages (Nemnich), les souvenirs des contemporains (Frénilly, Rémusat, Thibaudeau) et certains travaux universitaires des années 1970 (monographies de départements ou de préfectures, pour l’essentiel). Même si, depuis lors, l’histoire politique de l’Empire est demeurée prépondérante, on ne peut regretter que, pour cette nouvelle édition, le volume n’ait pas été mis à jour, ou du moins doté d’un supplément bibliographique et historiographique.

Tel quel, ce petit livre, dont, suivant l’expression même de l’auteur «la gloire est absente», garde sa force d’évocation et sera, pour les amateurs et les étudiants, une bonne introduction à la face cachée de l’épopée napoléonienne.

Thierry Sarmant
( Mis en ligne le 07/07/2009 )
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