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Louis XIV - Les stratégies de la gloire
de Peter Burke
Seuil - Points histoire 2007 /  9 €- 58.95  ffr. / 317 pages
ISBN : 978-2-7578-0294-6
FORMAT : 11x18 cm

L'auteur du compte rendu : Matthieu Lahaye est professeur agrégé et poursuit une thèse consacrée au fils de Louis XIV.

Louis XIV mis à nu

Avant la déferlante des nouvelles parutions du mois de septembre, il est bon parfois de relire ses classiques. Le livre de Peter Burke, Louis XIV. Les stratégies de la gloire, réédité en poche par les éditions du Seuil, en demeure incontestablement un.

Sa thèse est simple : il montre comment l’image de Louis XIV est prise en charge dès 1661 par une équipe centralisée sur le modèle bureaucratique, pour reprendre les propres termes de l’auteur. C’est un phénomène assez neuf. Jusque-là, les louanges adressées aux princes étaient souvent le fait d’artistes éparpillés, désireux de recevoir une protection, voire une pension du trésor royal. Avec Colbert (1661-1683) puis Louvois (1683-1691), un programme politique homogène s’installe pour dire le roi et expliciter son projet politique.

En cela, le titre retenu pour la traduction française, Les Stratégies de la gloire, est beaucoup moins pertinent que le titre original : The fabrication of Louis XIV. Tout au long de son règne personnel de cinquante-quatre années, l’image de Louis XIV a connu plusieurs inflexions. L’image du chef de guerre a constitué le cœur de sa représentation pendant toute la première partie de son règne. Les revers militaires de la guerre de succession d’Espagne (1702-1713) ont obligé à plus de mesure et autorisé un discours plus centré sur les vertus chrétiennes du prince.

Cependant Peter Burke n’est jamais loin de penser qu’il s’agit d’une simple propagande ou de techniques de communication identiques à celles utilisées par les «spin doctors», hommes politiques anglo-saxons d’aujourd’hui. Il minore probablement la dimension religieuse du pouvoir royal. Le «vous êtes des Dieux» de Bossuet s’adressant aux rois de la terre en 1662 n’est pas à prendre à la légère : dans ce monde profondément chrétien, le prince doit conduire son peuple sur les routes de son salut. La liturgie royale et la liturgie catholique finissent ainsi par se confondre en un même amour du roi et de Dieu

Par le truchement des médailles, des tableaux, des gravures, des Gazettes, des cérémonies, l’auteur ressuscite l’image de Louis XIV dont les Français furent fous. Matthieu Prior, un observateur anglais se surprit lui-même à relever en 1697, à la fin de la très éprouvante guerre de la ligue d’Augsbourg (1688-1697) que : «The common people of this nation have a strange veneration for their King».

Matthieu Lahaye
( Mis en ligne le 06/09/2007 )
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