L'actualité du livre
Histoire & Sciences socialeset Antiquité & préhistoire  

Guerre et guerriers dans la Grèce antique
de Pierre Ducrey
Hachette - Pluriel 2009 /  9.50 €- 62.23  ffr. / 326 pages
ISBN : 978-2-01-270530-2
FORMAT : 11cm x 18cm

Première publication en août 1999 (Hachette)

Une société guerrière par essence

De la guerre en général et des guerriers en particuliers... Pierre Ducrey brosse le portrait d'une société grecque modelée par la nécessité de survivre face à ses voisins. Didactique et très complet, le livre aborde sous tous ces aspects la chose militaire en Grèce à l'âge classique.

Dans un monde où la paix est appelée trêve, où les exploits sportifs répètent en les figurant les actions héroïques des combattants et où les chants poétiques exaltent les valeurs guerrières, étudier les conflits en Grèce revient à appréhender l'ensemble des faits sociaux d'une société. Pourtant, avec beaucoup de simplicité et avec un sens de la synthèse certain, Pierre Ducrey propose un ouvrage très pédagogique. Le livre est conçu comme un mémento destiné aux étudiants. On y trouvera toujours quantité d'éléments fondamentaux pour la compréhension de la société antique.

Comment en effet, aborder l'histoire de la Grèce ancienne sans tenir compte des mythes fondateurs guerriers de l'hellénisme ? Comment les Grecs se pensaient-ils et se reconnaissaient-ils comme grecs en appliquant les coutumes hellènes ? Comment comprendre les révolutions politiques qu'ont expérimentées les cités grecques sans songer à leur manière de combattre, la phalange hoplite, assemblée d'égaux unis par des intérêts communs ? Comment concevoir enfin les rapports sociaux sans prendre en compte la place de chacun, déterminée essentiellement par son rôle et sa fonction lors des guerres ? Ainsi, les premiers compagnons d'Alexandre (Oï hétaïroï) avaient le droit et le privilège de manger en compagnie du roi, de le servir et de le voir en toute circonstance. Ce privilège est fondateur d'une féodalité dans laquelle sombreront bientôt les monarchies grecques orientales (ptolémés, séleucides et les Diadoques).

Ne prenons qu'un exemple : si la démocratie a pris une tournure aussi radicale à Athènes au début du Ve siècle avant Jésus-Christ, on le doit à Thémistocle qui réussit à convaincre l'assemblée du peuple d'affecter les ressources des mines d'argent du Laurion (région d'Athènes) découvertes à l'époque à la construction d'une flotte de guerre. Ce choix a permis à toute une population incapable d'acquérir l'équipement de l'hoplite (nécessaire pour faire partie des citoyens) d'intégrer la marine. Motivés pour tenir les rames des trirèmes et y mourir, ces hommes l'étaient également pour participer à la vie publique, changeant ainsi toute la donne politique.

La guerre a véritablement façonné les sociétés anciennes au point de voir une cité comme Sparte complètement vouée et modelée par elle. Dans ses structures sociales (puisqu'on était à Sparte, soit guerrier, soit femme, soit esclave) mais aussi dans ses pratiques cultuelles ou dans sa diplomatie. La part belle qui est faite à la rivale d'Athènes dans l'ouvrage de Pierre Ducrey rassemble de nombreux témoignages de contemporains déjà fascinés par son organisation.

Les domaines connexes à la guerre font aussi la richesse de l'ouvrage : la défense architecturale des cités, l'intendance et l'organisation des armées, le développement des techniques navales, la place des écuyers et des mercenaires... Pierre Ducrey évite l'écueil de l'histoire-bataille trop fréquent chez les historiens anglo-saxons. Il apporte une vision éminemment sociale de la guerre comme un fait prégnant des relations humaines.

Stéphane Brassart
( Mis en ligne le 27/10/2009 )
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