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Histoire d'un Poilu - Carnets de Charles-Henri Poizot, du 67e R.I
de Charles-Henri Poizot
Editions Anovi - "Histoire intime" 2003 /  18 €- 117.9  ffr. / 143 pages
ISBN : 2-9513423-6-5
FORMAT : 16x23 cm

Retranscrit et commenté par Dominique Bussillet.

L'auteur du compte rendu: Agrégé et docteur en histoire, Jean-Noël Grandhomme est l'auteur d'une thèse, "Le Général Berthelot et l'action de la France en Roumanie et en Russie méridionale, 1916-1918" (SHAT, 1999). Il est actuellement PRAG en histoire contemporaine à l'université "Marc Bloch" Strasbourg II.


Un exemple de "résignation patriotique"

Beaucoup de carnets, de lettres et de documents inédits dorment encore dans les tiroirs, au sein de nombreuses familles françaises, faisait déjà remarquer Jean Norton-Cru à la fin des années 1920. Le mouvement de redécouverte de la Grande Guerre qui s’affirme d’années en années depuis près de quinze ans conduit à la publication de nombre d’entre eux. Souvent, comme c’est le cas ici pour le récit de Charles-Henri Poizot, ce sont des enfants ou désormais des petits ou même arrière-petits-enfants des poilus, qui en prennent l’initiative.

En 1966, après la mort de son grand-père, Dominique Bussilet a ainsi ouvert le petit paquet qu’il lui avait confié : «Il contenait six carnets de moleskine noire, remplis d’une petite écriture fine et lisible, la plupart du temps au crayon, parfois à l’encre. Ils commençaient à la date du 28 juillet 1914, pour s’achever à celle du 22 février 1919.» Le présent ouvrage en est la fidèle transcription.

Charles-Henri Poizot, né à Saint-Quentin en 1891 et donc âgé de vingt-trois ans au moment de la mobilisation générale, est le cadet de neuf enfants, dont huit filles ! (pour la plupart mortes en bas âge). Employé dans une usine textile, il a commencé son service militaire en 1912 au 67e d’infanterie à Soissons, où la guerre l’a rattrapé. Entrecoupé de quelques précisions et commentaires que l’on doit à la plume de sa petite-fille (mais sans véritable appareil critique), agrémenté de nombreuses photographies, le récit s’articule autour des déplacements du 67e, des équipements et armements nouveaux (le casque, le Browning), des attaques et des bombardements, du décompte des morts et des blessés (comme à Cantigny en mars 1918). Le jeune homme décrit dans des phrases courtes sa vie quotidienne et ses angoisses, ne se livrant que rarement à des développements plus importants. A travers son parcours apparaît en filigrane le déroulement général de la guerre et ses grandes phases, dont Verdun et le Chemin des Dames. Souvent l’assaille le «cafard» (notamment en ce 1er novembre 1915 où la Toussaint lui rappelle tant de camarades déjà morts), mais il se console en pensant à sa famille, se réjouissant du renforcement continu du camp des Alliés (concrétisé en 1918 par l’arrivée dans son secteur de contingents italiens et américains). Et il fait si bien son devoir qu’il reçoit la croix de guerre le 28 mai 1916. Poizot termine le conflit comme sergent téléphoniste, toujours dans le même régiment. Il est démobilisé le 30 juillet 1919.

Document sobre, les carnets de ce Picard du 67e d’infanterie en disent long sur la «résignation patriotique» des poilus, moteur pourtant efficace de la victoire.

Jean-Noël Grandhomme
( Mis en ligne le 07/01/2004 )
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