L'actualité du livre
Histoire & Sciences socialeset Période Moderne  

La Musique à Versailles
de Olivier Baumont
Actes Sud 2007 /  49 €- 320.95  ffr. / 427 pages
ISBN : 978-2-7427-6972-8
FORMAT : 23,0cm x 29,0cm

L'auteur du compte rendu : Matthieu Lahaye est professeur agrégé et poursuit une thèse consacrée au fils de Louis XIV sous la direction du professeur Joël Cornette à l’université Paris VIII.

Versailles en musique

Le centre de musique baroque de Versailles fête cette année ses trente ans d’existence. Chaque automne, il organise une série de concerts de qualité, qui met à l’honneur le répertoire d’un musicien du XVIIe ou du XVIIIe siècle. Cette année, un programme ambitieux permettait d’entendre les grandes partitions des règnes de Louis XIV, Louis XV et Louis XVI. Pour guider ce voyage sonore, Olivier Baumont fait paraître ces jours-ci un magnifique ouvrage, publié en partenariat avec les éditions Actes Sud.

En substance, l’auteur nous fait entendre qu’il est aussi improbable de comprendre les jardins de Versailles privés de leurs eaux jaillissantes que la vie du château sans ses musiciens. Pendant deux siècles, ils animèrent quotidiennement la vie de la plus prestigieuse des cours d’Europe. A la chapelle, dans les antichambres, dans les salons du grand appartement ou encore dans les salles de spectacle du château, la musique servait autant au plaisir des courtisans qu’à exprimer la magnificence du pouvoir royal.

Sous le règne de Louis XIV, mort en 1715, la musique de cour donnait le la à l’ensemble de la production musicale parisienne et provinciale. Les grands maîtres, tels Lully, Charpentier et les autres, travaillaient pour le roi. Paris n’était que l’écho des fastes versaillais. Avec Louis XV, la cour se laisse peu à peu déposséder de la création musicale. Les nouveautés viennent de la ville, introduites au château par une roturière parisienne, Mme de Pompadour, maîtresse du roi.

Louis XVI tenait à perpétuer tout au long de son règne la tradition musicale versaillaise en faisant donner à de nombreuses reprises le répertoire du Grand Siècle. Cependant, à la ville, le nouveau public bourgeois jugeait cette musique compassée, à l’image d’une société de cour figée dans ses prérogatives et ses privilèges. Les musiques italienne et allemande, qui faisaient les délices des soirées parisiennes, rencontraient un écho auprès de l’une des femmes les moins disciplinée de la cour, Marie-Antoinnette elle-même.

Le livre d’Olivier Baumont est illustré d’une riche iconographie et excellemment bien documenté sur le monde des musiciens et le répertoire joué à Versailles. On peut déplorer cependant les trop discrètes allusions à l’analyse de la musique en elle-même. Quoiqu’il en soit, ce beau livre nous raconte en musique l’histoire de la monarchie versaillaise. Centre culturel au XVIIe siècle, la cour figée sur un modèle louis quatorzien décline au XVIIIe siècle. Paris, bouillonnante d’une élite bourgeoise et aristocratique redevient alors la capitale culturelle de la France, plus d’un siècle après le départ du roi soleil.

Matthieu Lahaye
( Mis en ligne le 11/12/2007 )
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