L'actualité du livre
Histoire & Sciences socialeset Période Contemporaine  

Guerre et armées napoléoniennes - Nouveaux regards
de Hervé Drevillon , Michel Roucaud , Bertrand Fonck et Collectif
Nouveau monde - La Bibliothèque Napoléon 2013 /  29 €- 189.95  ffr. / 562 pages
ISBN : 978-2-36583-851-1
FORMAT : 14,1 cm × 22,6 cm

L'auteur du compte rendu : Archiviste-paléographe, docteur de l'université de Paris I-Sorbonne, conservateur en chef du patrimoine, Thierry Sarmant est responsable des collections de monnaies et médailles du musée Carnavalet après avoir été adjoint au directeur du département des monnaies, médailles et antiques de la Bibliothèque nationale de France. Il a publié, entre autres titres, Les Demeures du Soleil, Louis XIV, Louvois et la surintendance des Bâtiments du roi (2003), Louis XIV. Homme et roi (Tallandier, 2012), Fontainebleau. Mille ans d'histoire de France (Tallandier, 2013).

Une nouvelle grande armée

Dans l’histoire de France, toutes les époques n’offrent pas le même attrait. Certaines sont des mal aimées : il en va ainsi des derniers Mérovingiens, des derniers Carolingiens, des premiers Capétiens, ou, plus près de nous, des années 1720-1730, de la Restauration, de la Monarchie de Juillet ou de la IVe République. À l’inverse, d’autres périodes exercent une fascination constante, de génération en génération. C’est le cas des quinze années couvertes par le Consulat et l’Empire, qui peuvent se lire comme une épopée, marquée par la personnalité exceptionnelle du héros, par l’ampleur insurpassée de ses conquêtes, par le prestige des armes, des costumes et des décors.

Mais la médaille a son revers. À l’enthousiasme des amateurs ou des nostalgiques a longtemps correspondu une indifférence voire une certaine défiance de la recherche universitaire. Il a fallu toute l’énergie des dirigeants de la Fondation Napoléon, depuis une quinzaine d’années, pour combler ce hiatus. Le présent volume, issu d’un colloque tenu en 2012, montre que le cœur même de la geste napoléonienne – la guerre – fait désormais partie du territoire de la recherche.

L’originalité du recueil tient à ce que la guerre est envisagée sous tous ses aspects. Un premier bouquet de contributions traite des opérations, s’inscrivant dans une tradition d’analyse des campagnes de Napoléon, processus de réflexion qui se poursuit de façon ininterrompue depuis deux cents ans. À côté de sujets devenus classiques (Austerlitz, la campagne de Russie), s’affiche un intérêt nouveau pour des questions longtemps délaissées (le renseignement, la gendarmerie, les fortifications).

La seconde et la troisième partie du colloque, consacrées respectivement aux «hommes de la Grande Armée» et à l’armée dans la société, prennent la suite de questionnements apparus dans l’historiographie française à partir des années soixante, notamment avec les travaux d’André Corvisier sur le soldat d’Ancien Régime. Certaines contributions analysent les mécanismes de mobilisation et d’emploi des masses humaines (conscription, gestion des effectifs, administration de l’armée), d’autres étudient des corps particuliers (régiments étrangers, unités envoyées aux colonies, gendarmes d’ordonnance), d’autres enfin se consacrent à des aspects de la vie quotidienne du soldat : les relations avec les civils, la blessure, la mort, la captivité.

Le volume s’achève sur un quatrième volet qui pourrait s’appeler «La Grande Armée après la Grande Armée». On y voit comment se construit le récit historique, depuis les instruments initiaux de l’information et de la propagande (proclamations, bulletins), jusqu’à la construction de l’historiographie en passant par la constitution de «lieux de mémoire» spécifiques, de pierre ou de papier – souvenirs des acteurs, dépôt de la Guerre, musée de l’Armée.

Dans le prolongement de l’édition de la Correspondance générale de Napoléon, la majorité des contributions repose sur des documents conservés aux Archives nationales ou au Service historique de la Défense. On sent bien que c’est de ce retour aux sources, d’un examen systématique d’archives négligées jusqu’ici, que naîtront, dans les années qui viennent, les grandes monographies qui manquent encore à l’étude scientifique de l’époque napoléonienne.

Thierry Sarmant
( Mis en ligne le 10/12/2013 )
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