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Histoire & Sciences socialeset Biographie  

Napoléon. Mon aïeul, cet inconnu
de Charles Napoléon
Pocket 2011 /  7,80 €- 51.09  ffr. / 535 pages
ISBN : 978-2-84563-390-2
FORMAT : 11cmx18cm

Première publication en octobre 2009 (XO)

L'auteur du compte rendu : Alexis Fourmont a étudié les sciences politiques des deux côtés du Rhin.


Napoléon par Napoléon

«Napoléon, a jadis écrit Chateaubriand, n'est point grand par ses paroles, par ses discours, par ses écrits, par l'amour de la liberté qu'il n'a jamais eu et n'a jamais prétendu établir. Il est grand surtout pour être né de lui seul. Il est grand pour avoir abattu tous les rois, ses opposants, pour avoir défait toutes les armées, quelle que soit leur valeur, pour avoir rempli dix années de tels prodiges qu'on a peine aujourd'hui à les comprendre». C’est en ces termes que le Breton brosse le portrait de Bonaparte dans ses célèbres Mémoires d'Outre-tombe.

Dans son ouvrage Napoléon. Mon aïeul, cet inconnu, c’est au tour de l’un des descendants directs de l’Empereur de s’adonner aux délices de la biographie. Pour ce faire, Charles Napoléon précise d’emblée qu’en «racontant l’Empereur, le général républicain ou son enfance en Corse, (…) il écrit sur sa propre famille».

Tulard a autrefois estimé qu’autant de livres sur Bonaparte ont été publiés que de jours se sont écoulés depuis sa disparition, soit la bagatelle de peu ou prou soixante-neuf mille ouvrages ! Entendant apporter un nouvel éclairage sur le grand homme, le «neveu parlant de son grand-oncle» explique avoir dû s’affranchir de deux travers : celui de «l’histoire laudative et de mythologie» ainsi que celui du «rôle ou la naissance l’avait mis». L’objectif de l’auteur est de dresser un portrait de l’homme Napoléon dans toute sa complexité, de retranscrire la «vérité de sa personne», de «ses humeurs, ses curiosités, ses habitudes, ses fulgurances, plus que le récit des combats».

Au fil des pages, on découvre un «personnage en clair-obscur» plus grand que la moyenne de l’époque, appréciant les couleurs claires, faisant des fautes d’orthographe et parlant la langue de Molière avec un fort accent corse. L’auteur rend également compte de la minutie de l’homme, de son goût immodéré pour la lecture, du peu de temps qu’il passe à table et à dormir, et de son étonnante capacité de travail.

Dans un chapitre intitulé «Au pouvoir !», l’auteur évoque la façon dont Bonaparte, ce «Robespierre à cheval», a enraciné les conquêtes de la Révolution française. «On a tout détruit, déclare Napoléon Bonaparte le 8 mai 1802 au Conseil d’Etat, il s’agit de tout recréer. Il y a un gouvernement, des pouvoirs, mais tout le reste de la nation, qu’est-ce que c’est ? Des grains de sable. Nous sommes épars, sans système, sans réunion, sans contact. Tant que j’y serai je réponds bien de la République, mais il faut prévoir l’avenir. Croyez-vous que la République soit définitivement acquise ? Vous vous tromperiez fort. Nous sommes maîtres de la faire, mais nous ne l’avons pas et nous ne l’aurons pas si nous ne jetons pas sur le sol de France quelques masses de granit». Ces fondations ont préfiguré l'État moderne et la République française, tels qu’on les connait aujourd’hui. Il s’agit, entre autres, de l’organisation administrative, du code civil, du principe de finances publiques équilibrées et de l’instruction publique.

Le soupçon d’une bienveillance excessive de l’auteur vis-à-vis de son grand-oncle, ce que tout un chacun peut éprouver de prime abord, ne se vérifie nullement ici. Lucide, Charles Napoléon ne verse pas dans le dithyrambe, mais réclame au contraire un «droit d’inventaire» (Jean Sévilla, dans Le Figaro du 27 novembre 2009) car «l’ombre met en valeur la lumière, à moins que cela ne soit l’inverse».

Alexis Fourmont
( Mis en ligne le 15/02/2011 )
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