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Histoire & Sciences socialeset Biographie  

Hitler
de François Kersaudy
Perrin - Maîtres de guerre 2011 /  19.9 €- 130.35  ffr. / 262 pages
ISBN : 978-2-262-03486-3
FORMAT : 16cm x 21cm

L'auteur du compte rendu : Alexis Fourmont a étudié les sciences politiques des deux côtés du Rhin.

Des beaux-arts au bunker

Enseignant aux universités d’Oxford et de Paris I, l’historien François Kersaudy a récemment consacré un ouvrage à celui qui fut le maître de l’Allemagne nazie. Tout simplement intitulé Hitler, le livre du spécialiste d’histoire diplomatique et militaire est paru aux éditions Perrin, dans la collection «Maîtres de guerre» que l’auteur dirige de concert avec Yannis Kadari.

Le parcours de celui qui se désignait naguère comme «le plus grand chef militaire de tous les temps» est absolument étrange, comme l’indique à juste titre François Kersaudy. Issu d’une famille paysanne autrichienne, fils d’un douanier, Hitler est né à Braunau en 1889. Ses études secondaires à la Realschule de Linz, puis à celle de Steyr furent plutôt médiocres. Tôt orphelin, dans sa jeunesse, Hitler se rendit à Vienne afin de devenir architecte.

Échouant à deux reprises au concours d’entrée de l'École des beaux-arts, Hitler mena une existence de bohème et d’inadapté dans la capitale autrichienne. S’escrimant à vivre de la vente de ses aquarelles et des cartes postales qu’il confectionnait, il connut alors la misère, la soupe populaire, l’asile de nuit. Rêvant de la résurgence d’une «Grande Allemagne», il fut fort négativement impressionné par la déliquescence fulgurante de l’Empire austro-hongrois après la Première Guerre mondiale, à laquelle il prit part en tant que caporal de l’armée bavaroise.

A cette époque, il se découvrit une haine viscérale des sociaux-démocrates, du système parlementaire et des Juifs. Autodidacte, il se plongea dans diverses lectures. Toutefois, d’une manière générale, il n’aborda pas directement les grandes œuvres. Il préférait en effet les ouvrages de vulgarisation qu’il saisissait souvent de travers. Ainsi, il découvrit notamment Darwin et plus spécialement son principe de lutte sélective, Mommsen dont il partagea la fascination pour la Rome antique, Chamberlain et son racisme pangermaniste, Schopenhauer et Nietzsche. En revanche, il ne fit qu’effleurer le marxisme, dont l’internationalisme le révulsa vivement.

Lorsqu’il apprit la défaite de l’Allemagne en 1918, Hitler se fit l’inlassable chantre de la thèse du «coup de poignard dans le dos». Farouchement hostile aux «traîtres de novembre», il s’engagea politiquement afin de contribuer au relèvement du Reich. A la tête du NSDAP, Hitler se révéla être à la fois un orateur envoûtant et un lucide tacticien de la propagande. N’hésitant pas à recourir à la violence politique, le petit caporal accéda finalement au pouvoir suprême en 1933. Après avoir installé outre-Rhin un système totalitaire tout à son profit, Hitler finit par mener son pays à la guerre. D’abord victorieux sur tous les fronts, le IIIe Reich dut finalement refluer. Il fut vaincu par les Alliés et Hitler se donna la mort afin de ne pas être exhibé dans une cage à Moscou (sa grande hantise). Ainsi s’acheva l’une des pires tragédies du siècle dernier.

C’est la trajectoire à la fois étonnante, mais funeste du dictateur que retrace avec brio François Kersaudy dans cet ouvrage passionnant.

Alexis Fourmont
( Mis en ligne le 18/10/2011 )
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