L'actualité du livre
Histoire & Sciences socialeset Biographie  

Spartacus - Entre le mythe et l'histoire
de Eric Teyssier
Perrin 2012 /  22 €- 144.1  ffr. / 346 pages
ISBN : 978-2-262-03414-6
FORMAT : 14,1cm x 21,2cm

L'homme derrière la légende

Spartacus, comme l’écrit l’historien Eric Teyssier dans sa dernière biographie consacrée au héros antique et parue aux éditions Perrin, «ce nom claque comme un coup de fouet» ! Le mythe nimbe en effet l’histoire de cet esclave révolté. Si Spartacus renvoie pour tout un chacun au visage de l’indomptable mais généreux Kirk Douglas, il fait également penser à la toute récente série Spartacus : Blood and Sand, dans laquelle Andy Withfield incarne le célèbre gladiateur.

Dans l’imaginaire collectif, Spartacus est «le gladiateur-esclave-révolté brisant ses chaînes et se levant seul face à Rome, puissance cruelle et dominatrice». Pour d’autres encore, il s’apparente à «une sorte de Che Guevara en tunique déchirée», ou bien à un «proto-Christ inspiré, prophète de l’inéluctable déclin de Rome avec cinq siècle d’avance… à moins qu’il ne soit un nouveau Moïse guidant son peuple vers une inaccessible Terre promise». On le voit, Spartacus ne laisse de susciter les passions les plus vives, d’aucuns s’efforçant de le récupérer et de le façonner selon leurs préférences idéologiques.

Mais au fond, qui était vraiment « et homme dont la destinée historique s’inscrit dans l’espace de deux années» ? Comme l’indique l’universitaire dans cette remarquable étude, l’historiographie se fonde principalement sur quatre auteurs antiques : Salluste, Florus, Plutarque et Appien d’Alexandrie. Certains auteurs, comme Cicéron, Tite-Live, Pline ou Tacite, ont également abordé l’histoire de Spartacus, mais de façon plus allusive.

Les origines de Spartacus sont sujettes à controverse. L’auteur s’interroge même sur le fait de savoir si Spartacus était son véritable nom, ou bien s’il lui fut attribué par les Romains comme c’était l’usage à l’époque. Provenant probablement de Thrace, la légende voudrait qu’après avoir été berger, Spartacus devint soldat dans un corps auxiliaire romain. Suite à sa désertion, il fut néanmoins repris, puis asservi par les Romains et vendu à un entraîneur de Capoue.

Vers 73 avant Jésus Christ, Spartacus aurait pris la fuite avec une poignée de compagnons. Ensuite, il appela les esclaves à la révolte, puis se replia avec sa troupe pléthorique sur le Vésuve. Même s’il prit le meilleur sur les armées romaines à plusieurs reprises, conscient qu’il ne pourrait pas se maintenir très longtemps en Italie, il essaya de gagner la Gaule par les Alpes avec quelques soixante-dix mille hommes.

S’il parvint en Gaule cisalpine, ses troupes refusèrent d’aller plus loin afin de continuer à piller l’Italie. C’est ainsi que cette armée servile retourna en Italie méridionale. Fort du pouvoir proconsulaire et de quelques dix légions, Crassus refoula Spartacus, l’écrasa et le tua dans les environs du Silare vers 71 avant Jésus Christ. Pompée s’attribua tout le mérite de la victoire.

C’est cette existence hors du commun, se situant bel et bien «entre le mythe et l’histoire», que retrace Eric Teyssier dans cette biographie aussi claire qu’érudite.

Jean-Paul Fourmont
( Mis en ligne le 21/02/2012 )
Droits de reproduction et de diffusion réservés © Parutions 2024
www.parutions.com

(fermer cette fenêtre)