Histoire & Sciences sociales
Science Politique de Henri Pena-Ruiz
Flammarion 2005 / 13.00 €- 85.15 ffr. / 187 pages
ISBN : 2-08-210527-X
FORMAT : 12X20,5 cm
Antoine Bioy est psychologue clinicien et docteur en psychologie.
Un livre expressionniste
Philosophe, enseignant au lycée Fénelon, et auteur spécialisé sur le thème de la laïcité, Henri Pena-Ruiz nous propose ici un sujet très «païen» en abordant de grandes questions existentielles au travers de récits mythiques (Icare, Œdipe, Tristan et Yseult…). Ce concept est pour le moins pertinent puisque les légendes étant créées par des hommes, elles sont construites autour de préoccupations en lien avec la nature humaine. On y retrouve la question de la souffrance, du bonheur, de la difficulté à faire des choix, à se réaliser, ou encore de la place des émotions dans notre vie. Certains de ces récits ont traversé les époques, ont été immortalisés par des écrits et acquièrent ainsi une valeur universelle.
L’auteur fait donc ici le chemin inverse : partir de ces narrations fabuleuses pour reposer les questions existentielles qui les sous-tendent : Sisyphe et le courage de vivre, le chant du cygne et l’ultime réalisation de soi, Don Quichotte et la nostalgie de l’idéal, l’âne de Buridan et la paralysie de l’indifférence, etc. Si cette entreprise est sympathique, elle risque cependant de lasser le lecteur tant la construction des chapitres finit par se répéter, quant il ne s’agit pas de certaines idées, que l’on retrouve parfois développées sur un mode assez proche à différent moments du livre. On comprend alors mieux la précaution donnée par l’éditeur : «Voici donc un petit livre à parcourir ‘à sauts et à gambades’, comme le disait Montaigne, aussi libre qu’une conversation entre amis.» Autrement dit, une lecture par chapitre à des temps différents, selon l’envie et l’humeur, permet à l’ouvrage de trouver sa portée : donner, par petites touches, matière à penser.
Bien loin donc de ce qu’aurait pu être un essai, Grandes légendes de la pensée en devient presque un ouvrage conceptuel où l’on retrouve quelques mythes connus et d’autres plus confidentiels mais qui tous renvoient à des questions qui touchent intimement à la façon dont la vie se pense, voire se créée. Et si parfois on surprend Henri Pena-Ruiz à perdre de son style et de sa netteté d’idée en voulant «faire de la littérature», on passe vite ces passages où la recherche du «beau mot» rend le propos abscons, pour se concentrer sur les moments plus didactiques et d’une portée intellectuelle bien plus grande. Un ouvrage qui semble construit par petites touches, et à lire de même pour en tirer toute la quintessence.
Antoine Bioy
( Mis en ligne le 09/12/2005 )
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