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Histoire & Sciences socialeset Témoignages et Sources Historiques  

Correspondance générale - Tome 9 - Wagram, Mars 1809 - Février 1810
de Napoléon Bonaparte et Collectif
Fayard Fondation Napoléon 2013 /  54,90 €- 359.6  ffr. / 1938 pages
ISBN : 978-2-213-67173-4
FORMAT : 16,5 cm × 24,2 cm

L'auteur du compte rendu : Archiviste-paléographe, docteur de l'université de Paris I-Sorbonne, conservateur en chef du patrimoine, Thierry Sarmant est responsable des collections de monnaies et médailles du musée Carnavalet après avoir été adjoint au directeur du département des monnaies, médailles et antiques de la Bibliothèque nationale de France. Il a publié, entre autres titres, Les Demeures du Soleil, Louis XIV, Louvois et la surintendance des Bâtiments du roi (2003), Louis XIV. Homme et roi (Tallandier, 2012), Fontainebleau. Mille ans d'histoire de France (Tallandier, 2013).

L’année allemande de Napoléon

La publication de la Correspondance générale de Napoléon persévère dans sa majestueuse régularité : après le volume correspondant à l’année 1812, publié par anticipation en 2012 pour concorder avec le bicentenaire de la campagne de Russie, voici le neuvième tome du grand œuvre, qui couvre la période février 1809-février 1810. C’est l’année de Wagram, l’année où Napoléon passe six mois en Allemagne, défait l’Autriche et fait la paix avec elle. ''Année-tournant ?'', se demandent les éditeurs. Ni plus ni moins que 1807 ou 1808. L’empereur, au faîte de sa gloire, a déjà connu quelques revers en Espagne, mais sa nouvelle victoire refonde sa réputation d’invincibilité. Le divorce avec Joséphine se profile, et Patrice Gueniffey, qui a dirigé la publication de ce tome IX, n’est pas loin de voir dans le changement d’impératrice le signe avant-coureur du déclin à venir.

1809 étant une année de guerre, on trouvera ici une correspondance essentiellement militaire et diplomatique. Napoléon écrit le plus souvent à Clarke, son ministre de la Guerre, à Berthier, son major général, à Champagny, son ministre des Relations extérieures. Les autres correspondants – Napoléonides, ministres, maréchaux, grands dignitaires - viennent loin derrière. Les lettres proviennent dans leur majorité des archives de la Guerre, conservées au Service historique de la Défense, et des archives de la secrétairerie d’État impériale, conservées aux Archives nationales.

Cette prépondérance écrasante de la correspondance militaire appelle quelques interrogations, car on sait que, même en campagne, Napoléon n’a pas perdu de vue le gouvernement intérieur de l’Empire et ne s’en est pas déchargé sur Cambacérès. On trouve bien ici quelques lettres adressées à Cretet, le ministre de l’Intérieur… mais elles proviennent d’une collection privée ! Tout semble donc indiquer qu’une partie de la correspondance civile de l’empereur n’a pas été archivée par la secrétairerie d’État et qu’elle se trouve perdue, définitivement ou momentanément.

On voit par cet exemple à quelles difficultés les maîtres d’œuvre de la Correspondance générale doivent se mesurer : lacunes des archives publiques, dispersion ou inaccessibilité des archives privées, destructions intervenues en 1814 et 1815 ou dans les deux derniers siècles. Il ne serait pas étonnant que d’ici quelques années, découvertes aidant, un volume de Supplément soit nécessaire.

Cela n’enlève rien à la qualité de l’édition des lettres qui nous sont ici révélées, dont une bonne partie est inédite. Comme dans les volumes précédents, l’annotation est précise sans être envahissante et les annexes – éditions de documents, cartes, chronologie, index des noms et des lieux – font du volume un instrument de travail indispensable pour l’historien de métier comme pour l’amateur de la geste impériale.

Thierry Sarmant
( Mis en ligne le 07/01/2014 )
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