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Histoire & Sciences socialeset Témoignages et Sources Historiques  

Correspondance générale - Tome 10 - Un grand empire, mars 1810 - mars 1811
de Napoléon Bonaparte
Fayard 2014 /  54,90 €- 359.6  ffr. / 1598 pages
ISBN : 978-2-213-68208-2
FORMAT : 16,0 cm × 24,3 cm

Patrice Gueniffey (Préfacier)

Sous la direction d’Annie Jourdan en collaboration avec Michel Roucaud, assisté de François Houdecek et Irène Delage

L'auteur du compte rendu : Archiviste-paléographe, docteur de l'université de Paris I-Sorbonne, conservateur en chef du patrimoine, Thierry Sarmant est responsable des collections de monnaies et médailles du musée Carnavalet après avoir été adjoint au directeur du département des monnaies, médailles et antiques de la Bibliothèque nationale de France. Il a publié, entre autres titres, Les Demeures du Soleil, Louis XIV, Louvois et la surintendance des Bâtiments du roi (2003), Louis XIV. Homme et roi (Tallandier, 2012), Fontainebleau. Mille ans d'histoire de France (Tallandier, 2013).


Apogée du Grand Empire

Le dixième volume de la Correspondance de Napoléon couvre la période qui va du mariage de l’empereur avec Marie-Louise d’Autriche à la naissance de leur fils, le «roi de Rome». C’est en quelque sorte l’apogée du Grand Empire, voué, suivant l’expression d’Annie Jourdan, à une «expansion infinie».

Dans l’histoire du régime napoléonien, cette année passe pour une période de paix. Il s’agit cependant d’une paix toute relative : les opérations se poursuivent en Espagne ; Napoléon mène une guerre économique tous azimuts contre la Grande-Bretagne, dans le cadre du fameux «Blocus continental», et sa correspondance est d’un ton fort martial. Il n’est question que de fortifications à construire, de conscrits à enrôler, de régiments à former. Le conflit avec la Russie se profile à l’horizon.

À l’intérieur, l’empereur se raidit. Napoléon surveille de près une opinion publique pourtant bien atone et se fait rendre compte scrupuleusement des «bavardages de Paris». Sa principale méfiance se porte alors contre le clergé demeuré fidèle au pape – «ces vieux imbéciles» – et contre les nostalgiques des Bourbons, alors même que son gouvernement prend une tournure de plus en plus néo-absolutiste. À lire le monarque, les journaux ne sont jamais assez censurés, les libraires et les imprimeurs jamais assez contrôlés, les mal pensants jamais assez éloignés de la capitale. Le 3 juin 1810, il se sépare de Fouché, auquel il reproche de s’être mêlé de haute politique, et le remplace par Savary.

Peut-on dire pour autant que l’inspiration créatrice du grand homme soit tarie ? C’est l’opinion des préfaciers de l’ouvrage, mais Napoléon, à travers sa correspondance, apparaît toujours comme un organisateur hors de pair, un monstre de travail qui digère celui de ses ministres, réduits au rôle de commis. La tranquillité relative des affaires de l’Europe lui permet de s’intéresser à la transformation de Paris et on le voit pousser les travaux de l’Arc de Triomphe, de la Madeleine, de la halle aux vins, exiger de nouveaux marchés et de nouveaux abattoirs et faire presser l’achèvement du canal de l’Ourcq.

Les 1590 pages de ce dixième tome de la Correspondance générale nous donnent ainsi une nouvelle illustration de l’activité prodigieuse de ce despote éclairé, qui fut à la fois l’héritier des Lumières, le fils de la Révolution… et le précurseur des régimes autoritaires.

Thierry Sarmant
( Mis en ligne le 27/01/2015 )
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