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Histoire & Sciences socialeset Témoignages et Sources Historiques  

Musicien-brancardier... - Carnets de Léopold Retailleau, du 77e R.I. 1914 - 1918
de Léopold Retailleau
Editions Anovi - "Histoire intime" 2003 /  27 €- 176.85  ffr. / 544 pages
ISBN : 2-9513423-7-3
FORMAT : 16x23 cm

Texte annoté et commenté par Éric Labayle.
Préface du général d'armée Jean-Pierre Kelche.

L'auteur du compte rendu: Agrégé et docteur en histoire, Jean-Noël Grandhomme est l'auteur d'une thèse, "Le Général Berthelot et l'action de la France en Roumanie et en Russie méridionale, 1916-1918" (SHAT, 1999). Il est actuellement PRAG en histoire contemporaine à l'université "Marc Bloch" Strasbourg II.


Un témoignage émouvant

Pour avoir été un «non combattant», Léopold Retailleau n’en a pas pour autant été un «embusqué». Incorporé au 77e d’infanterie en 1912, ce fils d’un tonnelier et d’une couturière établis à Cholet est mobilisé en août 1914 et intervient presque aussitôt en Belgique. Saxophoniste amateur, membre de la fanfare du régiment, il a été versé dans les brancardiers, fonction dangereuse s’il en est, dans un conflit où les «usages de la guerre» ne sont que très épisodiquement respectés. Il assiste aux batailles des frontières, à celle de Mondement (épisode bien connu de la bataille de la Marne), puis reste en secteur dans les Flandres et en Artois. En 1916 il se trouve à Verdun au moment des plus furieux assauts et contre-attaques pour le contrôle de la Cote 304, et il rejoint ensuite la Somme. L’année suivante son Journal décrit de manière très réaliste l’enfer du Chemin des Dames, où sa conduite lui vaut la croix de guerre. Le 26 juillet 1918 il est tué par obus à Courcelles, près de Passy-sur-Marne, alors qu’il transporte un blessé (que l’explosion laisse indemne). Il avait vingt-six ans.

Préfacés par le général Kelche, ancien chef d’état-major des armées (1998-2002), retranscrits par Claude Retailleau et précédés par une solide introduction d’Éric Labayle, ces carnets sont richement illustrés par plusieurs dizaines de photographies et quelques croquis (essentiellement de dames peu vêtues…) dus au crayon de Léopold Retailleau lui-même. Tenus au jour le jour dans une langue simple mais correcte, sans avoir souffert la moindre réécriture – et pour cause –, ils se révèlent tout aussi émouvants que bien des œuvres littéraires. La curieuse fonction de musicien-brancardier, peu connue, ajoute une valeur supplémentaire à ce document, en apportant un éclairage nouveau sur la vie d’un régiment. L’on retrouve cependant dans ce récit les thématiques habituelles aux poilus, ainsi classées par Éric Labayle : le courrier, la relève, la soupe, le repos, les corvées, la permission, la mort ou la blessure. Pour échapper au poids de la guerre, Retailleau cherche la compagnie des femmes, qui lui rappellent le temps de la paix ou il se confie à Dieu (sa foi, bien que discrète, transparaît dans ses écrits). Il se passionne pour l’aviation, ne manquant jamais de signaler un combat aérien ou même le simple passage d’un aéroplane.
Après sa mort, ses camarades rapportèrent ses carnets à ses parents, préservant ainsi pour les historiens et les lecteurs d’aujourd’hui ce document attachant par son humanité.

Jean-Noël Grandhomme
( Mis en ligne le 09/01/2004 )
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