L'actualité du livre
Histoire & Sciences socialeset Témoignages et Sources Historiques  

Les Grands discours parlementaires de la IIIe République - De Victor Hugo à Clémenceau 1870-1914
de Jean Garrigues
Armand Colin - Histoire parlementaire 2004 /  21 €- 137.55  ffr. / 217 pages
ISBN : 2-200-26684-7
FORMAT : 16x24 cm

Voir aussi : Jean Garrigues, Les Grands discours parlementaires de la IIIe République. De Clémenceau à Léon Blum, 1914-1940, Armand Colin (Histoire parlementaire), septembre 2004, 152 p., 21 €, ISBN : 2-200-26791-6.

L'auteur du compte rendu : Sébastien Laurent, agrégé et docteur en histoire, est maître de conférences à l’Université Bordeaux III et à l’IEP de Paris. Il consacre ses recherches depuis plusieurs années aux services de renseignements militaires et policiers aux XIXe et XXe siècles. Il est le fondateur de la section "Histoire & sciences sociales" de Parutions.com.


Verba manent

Ces deux ouvrages nous font sentir que nous avons un peu oublié ce que fut l’éloquence politique au temps où le pouvoir des assemblées régnait sans partage sur la France. Les éditions Armand Colin se sont associées à l’Assemblée nationale pour éditer un choix de discours des parlementaires sous la IIIe république. 33 textes pour la période 1870-1914 et 22 pour les années suivantes, extraits des débats parlementaires, permettent de s’apercevoir que nous avons incontestablement changé d’ère politique.

La parole régnait en maître sans pour autant qu’elle fût toujours consensuelle, loin s’en faut : derrière des formules de courtoisie qui nous paraissent désuètes (combien «d’honorables préopinants» !), les échanges tournaient souvent à l’affrontement politique ou personnel, presque toujours dans une très belle langue classique. L’ironie plutôt que l’attaque ad hominem permettait alors de multiples variations. Il faut se rappeler que ces discours étaient prononcés par des élus formés aux humanités, maîtrisant leur langue latine et qu’ils le faisaient sans microphone : il s’agissait aussi d’une épreuve physique pour se faire entendre d’une assemblée souvent tumultueuse.

Le choix opéré dans l’abondante masse disponible couvre tous les aspects de la vie politique de cette époque et ont été reproduits, comme au Journal officiel, tous les commentaires des sténographes («interruptions», «cris à gauche», «très bien», «l’orateur reçoit les félicitations des collègues de son groupe»…) qui donnent une vraie fraîcheur aux documents. Les questions fondamentales vont de l’établissement de la République aux grands débats majeurs sur la laïcité et sur les relations entre l’Église et l’État en passant par les grandes crises politiques.

L’intérêt de l’ouvrage est d’avoir exhumé des textes peu connus (discours de Maurice Barrès en faveur du maintien de la peine de mort, discours de Jean Zay en faveur d’une grande réforme nationale au printemps 1940) à coté des grands classiques (discours de Thiers au lendemain de la répression de la Commune, discours de Clemenceau contre la politique coloniale, discours pacifiste de Briand…). Présentés de façon fort claire par Jean Garrigues, président du Comité d’histoire parlementaire et politique, chacun des extraits de discours est replacé dans son contexte immédiat et la portée à plus long terme en est soulignée.

Il est dommage que de si belles paroles aient été mises sous une couverture «pompier» un peu vilaine, mais à l’heure où l’hémicycle est parfois déserté et les débats souvent techniques et formels, l’on pourra relire avec un vrai bonheur certains grands morceaux d’éloquence politique.

Sébastien Laurent
( Mis en ligne le 14/02/2005 )
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