L'actualité du livre
Histoire & Sciences socialeset Géopolitique  

Quel développement ? Quelle coopération internationale ?
de Tamara Kunanayakam et Collectif
CETIM CRID CNCD 2007 /  6 €- 39.3  ffr. / 170 pages
ISBN : 978-2-88053-062-4

L'auteur du compte rendu : Juriste, essayiste, docteur en sociologie, Frédéric Delorca a dirigé, aux Éditions Le Temps des Cerises,  Atlas alternatif : le monde à l'heure de la globalisation impériale (2006).

Sud-Sud

Au sortir de la décolonisation, dans les années 1970, une des priorités des peuples du Sud fut d’affirmer leur indépendance face aux ingérences des pays du Nord et aux déséquilibres dans la répartition des richesses. Dans cette optique, un concept juridique fut inventé, d’abord avalisé par la commission des droits de l’homme de l’ONU, puis par une résolution solennelle de l’Assemblée générale des Nations-Unies (le 4 décembre 1986).

Plus qu’un simple slogan, la notion de droit au développement impliquait la défense d’un nouvel ordre économique et de nouvelles valeurs : autodétermination, souveraineté des peuples sur leurs propres richesses (contre le pouvoir des multinationales), éducation et santé placées au même niveau que les droits individuels formels, droit à la participation des peuples et des États (y compris les plus petites) à la définition de la marche du monde.

L’essai de la chercheuse sri-lankaise Tamara Kunanayakam, intitulé La Déclaration des Nations Unies sur le droit au développement, Pour un nouvel ordre international, qui occupe les trois quarts du présent ouvrage, analyse finement la genèse et les implications des diverses chartes et déclarations qui ont permis la consécration de cette notion de droit au développement, malgré les résistances des puissances occidentales. Deux décennies plus tard, le consensus de Washington et les guerres menées au niveau mondial par les États-unis et leurs alliés semblent avoir ruiné l’édifice de la résolution de 1986. Pourtant, comme l’expose Arnaud Zacharie, dans le prolongement du texte de Kunanayakam, un certain regain d’intérêt se manifeste depuis quelques années pour les thèmes de la coopération Sud-Sud et de la réhabilitation de la puissance publique face aux dogmes néo-libéraux, qui pourraient remettre cet héritage à l’ordre du jour.

L’article de Walden Bello, de l’Institut asiatique de recherches Focus on Global South, sur l’échec des alternatives au consensus de Washington, met cependant en question la possibilité d’une réforme anti-néo-libérale sans rupture complète avec le processus de globalisation. A cette interrogation fait écho l’article de l’économiste Rémy Herrera sur l’Alternative bolivarienne pour les Amériques et les Caraïbes (ALBA), qui reprend en partie, développe et actualise le texte du même auteur préalablement publié dans l’Atlas alternatif (Le Temps des Cerises, 2006) et qui offre une illustration de ce qu’un groupe de pays du Tiers-Monde peuvent organiser en rupture avec le modèle dominant.

Cet ouvrage, d’une lecture facile, synthétise une réflexion utile sur la redéfinition possible des rapports Nord-Sud et l’avènement d’un nouvel ordre économique planétaire qui place l’émancipation humaine et la justice sociale au centre des circuits de production et d’échange. Il constitue à ce titre, une importante contribution à la réflexion collective sur ce sujet.

Frédéric Delorca
( Mis en ligne le 14/10/2008 )
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