Essais & documents
Politique de Marc Lambron
Grasset 2008 / 15.90 €- 104.15 ffr. / 240 pages
ISBN : 978-2-246-73991-3
FORMAT : 18,8 x 11,8 cm
Crise de foi(e)
Après Mignonne, allons voir…, consacré à Ségolène Royal, Marc Lambron s’intéresse à la première année du quinquennat de Nicolas Sarkozy...
Toujours avec la même verve, la métaphore joueuse, cynique, alambiquée, poétique, un brin sournoise, se référant à des personnages tour à tour historiques, cinématographiques, mythologiques, Marc Lambron s’amuse et s’interroge sur le sacre du nabab du 9-2 puis sur sa dégringolade vertigineuse dans les sondages. Le ton, à la fois acerbe et chaleureux, dresse le portrait d’un homme qui semble avoir, toute sa vie durant, observé, étudié puis manipulé, amadoué et enfin contrôlé d’une main de maître sa famille politique dans le seul dessein d’une consécration élyséenne.
De sa campagne électorale au parler franc et viril à sa capacité de maîtrise des appareils politiques et médiatiques, en passant par ses flirts passionnés avec le showbiz et les seigneurs du CAC 40, son intronisation à la tête de l’Etat français est décortiquée avec la finesse et la précision d’un médecin légiste. Jouant et s’étonnant avec délectation des traces, malheureusement peu glorieuses, que Nicolas Sarkozy a laissées durant ces 12 mois dans l’esprit d’un peuple, l’auteur revient sur son ouverture politique qui a déstabilisé les règles du jeu des pouvoirs, sur ses frasques amoureuses dignes des sitcoms les plus graveleux, sur son incontournable attitude bling-bling digne des plus illustres rappeurs américains et ainsi de suite, toutes les unes qui ont inondé nos étals à journaux, des plus sérieux au plus «people».
Finalement, la plume de l’auteur vient combler une année politique bien morose. La France est comme au bord de la crise de foie, l’estomac en vrac et la tête abasourdie. Le changement tant espéré, tant promis et semble-t-il nécessaire, vital selon tous les prétendants au fauteuil présidentiel, est retombé comme un soufflé et les assiettes restent désespérément vides.
Eh bien, dansez maintenant… est donc à déguster pour l’amour des mots et non pour la gloire d’une année politique plutôt aigre...
Frédéric Bargeon
( Mis en ligne le 06/06/2008 )
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