L'actualité du livre
Essais & documentset Questions de société et d'actualité  

Le Journal télévisé - Pratiques et langages
de Jean-Jacques Robrieux
L'Harmattan 2007 /  13 €- 85.15  ffr. / 138 pages
ISBN : 978-2-296-03903-2
FORMAT : 13,5cm x 21,5cm

L’auteur du compte rendu : Arnaud Genon est docteur en littérature française, diplômé de l’Université de Nottingham Trent (PhD). Membre du Groupe «Autofiction» ITEM (CNRS-ENS), cofondateur du site http://herveguibert.net/, il est aussi l'auteur, chez l'Harmattan, de Hervé Guibert. Vers une esthétique postmoderne (2007).

Le JT décrypté

Le journal télévisé est communément désigné par la métaphore «grand-messe cathodique». Cette image est significative quant à l’attitude de celui qui le regarde et l’écoute. Il assiste religieusement, de manière quasi rituelle, au déballage des «informations» quotidiennes sans avoir toujours conscience que le «JT», comme nous pouvons le lire sur la quatrième de couverture du présent ouvrage, «a pour particularité de viser deux objectifs contradictoires : faire peur aux téléspectateurs et les anesthésier». C’est en analysant les pratiques langagières, les «manies lexicales» des journaux télévisés que Jean-Jacques Robrieux, athée cathodique, cherche à défendre sa thèse.

L’analyse que propose l’auteur se base sur les commentaires énoncés «par les hommes et les femmes-troncs qui se succèdent devant les caméras», sur les «prestations verbales stéréotypées des reporters» et enfin sur les propos des «politiques, sportifs, des honnêtes commerçants et des braves gens du peuple» recueillis pour le journal télévisé. En ce qui concerne la forme, Jean-Jacques Robrieux se promène à travers différents thèmes, différents sujets faisant régulièrement l’objet de reportages. Ainsi, du traitement de la météo à celui des vacances, de l’évocation de la justice à celle des banlieues, tout y passe.

Et le constat est sans équivoque : le journal télévisé est le lieu de tous les poncifs, du consensus, de la dramatisation de l’actualité. La rhétorique utilisée pour arriver à ce résultat est ainsi faite de périphrases, d’hyperboles, de clichés révélateurs d’une «paresse lexicale» toute représentative de ce qui se dit lors du JT. L’auteur, dans le chapitre consacré aux victimes, remarque, non sans humour, que le «JT aime à cultiver cette douce naïveté en stigmatisant les saligauds et en béatifiant les petites bergères qui ont eu le malheur de rencontrer le diable». Ailleurs, en s’intéressant à nos «chers disparus», il note que l’on «vante toujours l’homme simple, généreux, toujours proche des autres…» Il relève aussi l’utilisation d’expressions langagières pour le moins étranges comme «le taux de croissance négatif», ou le fait d’adresser à un «disparu» un «dernier adieu»

L’essai de Jean-Jacques Robrieux a des airs de pamphlet. Et même si les exemples précis manquent parfois, si l’on aurait aimé à la place des constats généraux l’étude approfondie de cas particuliers, l’auteur réussit à mettre en évidence, souvent avec humour et ironie, la médiocrité et parfois même la vacuité du discours journalistique. On écoutera désormais différemment les commentaires des journalistes du JT.

Arnaud Genon
( Mis en ligne le 16/11/2007 )
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