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Jean-Paul II
de Bernard Lecomte
Gallimard - Folio 2006 /  11.40 €- 74.67  ffr. / 991 pages
ISBN : 2-07-032100-2
FORMAT : 11x18 cm

Première publication en octobre 2003 (Gallimard - NRF Biographies).

Un Atlas des temps modernes

H«abemus papam !» Le 16 octobre 1978, le cardinal Wojtyla devient Jean-Paul II. C’est tout un symbole que cette arrivée d’un Slave au trône pontifical, et un nouveau souffle de l’histoire, venu du bloc de l’Est, qui va changer bien des choses. Dans une production abondante sur le Saint Père, Bernard Lecomte, ancien journaliste à La Croix et au Figaro Magazine, proposa en octobre 2003 sans doute la biographie incontournable sur Jean-Paul II, aujourd'hui en "poche",où se rencontrent ses intérêts pour l’Europe de l’Est et le Vatican.

Que pouvons-nous retenir de Jean-Paul II, l’un des derniers «Géants» du XXe siècle ? Son soutien au syndicat Solidarnosc de Lech Walesa face au règne communiste du général Jaruzelski ; son invitation du 27 octobre 1986 à Assise où se réunissent les représentants de toutes les religions ; le rendez-vous historique du 13 avril 1986 avec le rabbin Elie Toaff de la grande synagogue de Rome ; l’image d’un pape se recueillant en mars 2000 devant le Mur des Lamentations ; le déplacement à la Mosquée Al-Ahzar en Egypte, haut lieu théologique de l’islam sunnite ; le pape des JMJ (Manille 1995, Paris 1997, Rome 2000) rassemblant des millions de jeunes autour de lui, comme en rêverait n’importe quelle rock star ; l’image enfin d’un pape aux cent voyages apostoliques…

A vrai dire, Jean-Paul II, pape des jeunes et pape œcuménique, est plus que ça. C’est d’abord un destin. Celui d’un jeune Polonais sur qui Bernard Lecomte nous renseigne précisément. Ce féru de théâtre, né dans une Pologne malmenée par l’histoire, exprime très tôt un fort attachement à la double dimension culturelle et spirituelle de son pays, où sentiment religieux et patriotisme vont de pair. Nous découvrons ainsi un Karol Wojtyla patriote qui, à travers son engagement spirituel, lutte d’abord pendant son séminaire contre le nazisme, ensuite, en tant que prêtre et évêque, contre le communisme. Son rôle d’homme d’Eglise hors de la Pologne s’affirmera peu à peu après le concile de Vatican II.

C’est ensuite une volonté. Tout au long des années 1980 et 1990, il s’applique à remettre l’Homme au cœur de la vie et de la foi chrétiennes. Une volonté de faire face à l’histoire, en ne niant plus l’implication et les silences de l’Eglise face à l’antisémitisme et au colonialisme. Mais une volonté aussi de redonner à l’Eglise ses cadres, notamment sur les questions familiales et sexuelles. On regrettera d’ailleurs ici que l’auteur, peut-être trop complaisant, n’insiste pas sur les discours «hors du temps» du pape, à propos du port du préservatif dans un tiers-monde ravagé par le sida par exemple.

Car Jean-Paul II porte le poids de l’Eglise catholique, fardeau digne d’Atlas, où un traditionalisme prégnant (ainsi de ses refus sur le célibat des prêtres et l’ordination des femmes) le dispute à un souci d’ouverture (aux jeunes et à un monde ne se résumant pas à l’Occident déchristianisé). Cette double dimension est parfaitement rendue au fil de ces 600 pages, où l’histoire du grand homme est enrichie des mille anecdotes de la vie d’un individu…

Mened Khenouch
( Mis en ligne le 20/01/2006 )
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