Essais & documents
People / Spectacles de Edith Piaf et Marcel Cerdan
Le Cherche Midi - Documents 2002 / 14.5 €- 94.98 ffr. / 140 pages
ISBN : 2-86274-927-3
Correspondance amoureuse
Ces deux-là se sont aimés, c’est sûr, et la légende l’a retenu. Un amour interdit entre la chanteuse frêle à la voix de bronze et le boxeur façon gros nounours au sourire craquant. Marcel Cerdan est marié et père de quatre enfants quand il fait la connaissance d’Edith Piaf en 1946. La rencontre se passe, l’étincelle ne se produit pas. Quelques mois plus tard, en 1948 à New York, la romance commence, et pendant presque deux ans, la passion consumera l’ours et la poupée. Jusqu’à son apogée en 1949. Jusqu’à la tragédie : Marcel Cerdan meurt dans un accident d’avion le 7 octobre de cette même année, en allant rejoindre à New York son Edith, qui le supplie de venir le plus vite possible. Cerdan renonce alors à prendre le paquebot, embarque à Orly dans un Constellation FDA-ZN, qui s’écrase au large des Açores.
Edith Piaf ne s’est jamais vraiment remise de sa mort. La religion, l’alcool, la drogue et les hommes étourdiront pour des années sa souffrance. Jusqu’à sa propre disparition en 1963, Edith Piaf chantera l’Hymne à l’amour en souvenir de Marcel. Ce poème signe la petite silhouette noire dont on garde l’image, noyée dans le halo de lumière d’une scène de music-hall.
Aujourd’hui, la correspondance amoureuse entre Piaf et Cerdan est publiée : ce sont des lettres échangées en 1949, toutes inédites, rassemblées par Bernard Marchois, le conservateur du musée Edith Piaf. Au fil des missives, les amants se taquinent, s’étonnent de leur amour, intense jusqu’à l’insupportable, exacerbé par le manque et l’absence. Le livre publié est un joli objet, plaisant à feuilleter, bien illustré. Mais on reste sur sa faim : malgré l’intimité partagée, donnée à voir par ces deux cœurs ouverts, on n’en apprend pas plus sur Edith Piaf et Marcel Cerdan qu’on en apprendrait sur deux amants anonymes : des paroles d’amour qui se répètent inlassablement, des promesses, des témoignages – toujours les mêmes – d’une grande passion.
Les lettres s’étalent sur trois périodes :la première, qui représente la quasi-totalité du livre, est celle du voyage de Marcel Cerdan venu aux Etats-Unis préparer son combat contre La Motta, du 19 mai au 13 juin. La seconde, en juillet, couvre la tournée d’une semaine de Piaf en Afrique du Nord. La troisième, enfin, est une simple lettre envoyée depuis New York par Edith Piaf à Cerdan le 24 septembre. Rien dans la présentation ne sépare ces trois moments. Seules quelques notes de bas de page restituent brièvement les contextes. Pas toujours clairement, ni suffisamment. Le livre ne s’adresserait-il qu’aux initiés ?
Au final, on retient surtout de ce bref ouvrage la tendresse, l’émotion et la sincérité traduites sur papier de deux « gens comme les autres » qui s’aiment follement. A lire pour découvrir l’envers d’une passion qui défraya la chronique – même si les « révélations » ne sont pas au rendez-vous.
Karine Papillaud
( Mis en ligne le 04/03/2002 )
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