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Mylène Farmer, la part d'ombre
de Antoine Bioy , Benjamin Thiry et Caroline Bee
Archipel 2003 /  19.95 €- 130.67  ffr. / 330 pages
ISBN : 2-84187-536-9
FORMAT : 14 x 22,5 cm

Préface d'Amélie Nothomb

Les auteurs de La Part d'ombre dédicaceront leur livre jeudi 4 décembre à partir de 19h30 au bar La Petit Vertu (15, rue des Vertus, 75003 Paris)

Caroline Bee et Antoine Bioy collaborent à Parutions.com


Une icône moderne

Depuis maintenant bientôt 20 ans, Mylène Farmer est la seule artiste féminine de variété française à susciter un véritable culte auprès de ses fidèles admirateurs. Que l’on soit sensible ou hermétique à l’univers de la chanteuse, il est indéniable de constater qu’elle est en passe de devenir, et de son vivant (fait relativement rare pour le souligner), un véritable mythe… Pour les auteurs de La Part d’ombre – deux psychologues et une journaliste – ce culte existe, c’est un fait, et ne peut prendre racine que sur un réel talent artistique (même s’il est savamment entretenu par d’habiles stratégies marketing).

L’ouvrage offre l’originalité d’aborder l’univers mystérieux de Mylène Farmer sous l’angle de la psychologie, afin de le décrypter objectivement. Avec un respect certain pour l’artiste (et peut-être même un petit peu d’amour !), les auteurs se sont immergés dans cette œuvre riche et cohérente, en analysant avec pertinence les textes des chansons, les scénarii des clips, le personnage énigmatique que la chanteuse s’est façonné au cours du temps, sans occulter ce qui devient le leitmotiv des médias en ce qui concerne Mylène Farmer : la dévotion totale de ses fans.

Il en ressort un écrit complet – biographie, discographie et vidéographie à l’appui – qui propose pour la première fois certaines pistes de réflexion aux ombres volontairement tues par l’artiste. De cet émoi face à l’Autre, aux douleurs qu’engendre immanquablement tout attachement, en passant par l’obsession de la mort, de la solitude et du temps qui passe, certains concepts psychologiques ressortent de façon récurrente et permettent d’éclairer les productions de la chanteuse : le mythe d’Œdipe, l’homoérotisme, l’opposition animus/anima, la passivité, le sadomasochisme…

La Part d’ombre offre également la possibilité au lecteur de s’ouvrir aux nombreuses et éparses sources d’inspiration de Mylène Farmer et de son alter ego Laurent Boutonnat, aussi variées que Baudelaire, Poe, Cioran, le bouddhisme, Bunuel, Lynch, Géricault et bien d’autres encore. Il renseigne de même sur les positions de l’artiste quant à certaines grandes notions fondatrices : le sexe, la religion, la mort, la différence, la folie.

L’ouvrage, s’il est accessible d’un point de vue psychologique – et permet même un véritable petit cours de vulgarisation –, s’adresse évidemment à des personnes qui connaissent parfaitement l’œuvre de Mylène Farmer dans son intégralité, tant les références sont pointues. En outre, certaines analyses, un tantinet dilettantes, frôlent parfois une interprétation toute personnelle, prêtant à discussion. Mais pour le lecteur qui s’intéresse à l’artiste, ou à ce qu’elle engendre, La Part d’ombre reste un écrit passionnant, sérieux et documenté, qui suscite plus de questions qu’il n’apporte de réelles réponses.

L’écrivain Amélie Nothomb, qui a préfacé l’ouvrage et est elle-même admiratrice de la chanteuse, ne manque pas de le souligner, en assurant : «Il serait facile de ne voir en Mylène Farmer que la projection de tous nos rêves. Ne serait-elle que cela, ce serait déjà formidable : il n’est pas donné à grand-monde d’incarner à ce point les aspirations d’autrui».

Frédéric Delayre
( Mis en ligne le 26/11/2003 )
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